Elections législatives du 28 juillet

Bien que la campagne électorale n’ait commencé que le 27 juin, l’activité politique des deux derniers mois a été dominée par la préparation des élections à venir. Le PPC (Parti du Peuple Cambodgien), au pouvoir depuis 1979, spécialement le Premier ministre, s’est particulièrement distingué par sa violence verbale. En revanche, l’opposition, spécialement le PSNC (Parti du Salut National du Cambodge, fusion du PSR et du PDH), s’est honorée par sa retenue.

Discréditer l’opposition par tous les moyens

Toutes les accusations, même les plus farfelues, sont utilisées pour discréditer l’opposition : le Premier ministre Hun Sen ressort de vieilles disputes entre Sam Rainsy et Kem Sokha pour démontrer que le PSNC n’est qu’une union de façade ; il accuse le PSNC d’abriter en son sein trois groupes de « terroristes », et fait diffuser des photos de ses membres en compagnie de ces derniers (27.05.13). Il accuse le PSNC de vouloir détruire la monarchie (16.05.13), de vouloir revenir aux pratiques khmères rouges et abolir la monnaie (23.05.13). S’il perd les élections, ce sera la guerre civile, la fermeture des écoles et des banques, la fin de la distribution des titres de propriété (25.05.13). Le PSNC va déclarer la guerre au Vietnam pour récupérer l’île de Koh Trâl et le Kampuchéa Krom (11.06.13). On diffuse sur Facebook un montage photo truqué dans lequel la députée Mu Sochua, membre influente du PSNC, est en partie dévêtue (12.06.13). Hun Sen menace de citer le PNSC en justice pour de diffamation, car le PSNC déclare que le PPC utilise des moyens incorrects pour disqualifier l’opposition.

Haro sur Kem Sokha

En l’absence de Sam Rainsy, réfugié en France, Kem Sokha, ex-président du Parti des Droits de l’Homme (PDH), est le vice-président du PSNC. C’est un rival sérieux pour Hun Sen, car c’est un homme charismatique qui sait, lui aussi, s’adresser au peuple dans un langage populiste.

Le 18 mai, à Prey Venget, à Takéo, Kem Sokha déclare bien imprudemment que le Vietnam a organisé le centre de torture et la prison de S-21 pour justifier son invasion et son occupation du Cambodge. « Pourquoi voudriez-vous que les Khmers rouges soient assez idiots pour laisser Tuol Sleng en l’état, après y avoir tué tant de gens, pour garder cette prison comme musée à montrer aux touristes », déclare-t-il. Même si Kem Sokha n’a peut-être pas tenu les propos qu’on lui prête, il a le réflexe très cambodgien – mais historiquement faux – d’accuser le Vietnam de tous les maux perpétrés par les Khmers rouges. Chum Mey, 83 ans, rescapé de S-21, estime ces propos injurieux et demande des excuses de la part de Kem Sokha, ce que ce dernier refuse, affirmant qu’il n’a jamais nié les tortures et les assassinats de Tuol Sleng. Chum Mey appelle à une manifestation contre Sokha et porte plainte.

Le dimanche 9 mai, une manifestation anti-Kem Sokha rassemble 12 000 personnes (au lieu des 20 000 attendues), que Chum Mey transforme en meeting pro-PPC. Plus de 13 000 manifestants selon la Licadho, 30 000 selon Adhoc, se rassemblent dans au moins 14 provinces.

* Bien que Hun Sen ait personnellement donné son accord à cette manifestation, et encouragé les villageois à y participer, bien que les autorités locales (maires et chefs de village) aient donné entre 5 et 13 dollars à chaque villageois pour y prendre part, leur aient fourni véhicules, nourriture et eau, bien que certains manifestants arboraient des signes du gouvernement, « le gouvernement et le PPC ne sont pas derrière cette manifestation », affirme le Conseil des ministres.

* Les membres de l’Association des victimes du Kampuchéa démocratique (Ksem Ksan), dont Chum Mey est président, ne sont pas tous d’accord avec cette manifestation récupérée politiquement, et envisagent de démettre leur président, mais après les élections. L’opposition fait remarquer que lorsque le PSNC demande l’autorisation de faire une marche avec 200 personnes, comme en mai dernier, la municipalité la lui refuse, alors que quand Chum Mey envisage une marche avec 20 000 personnes, on le lui accorde.

* L’opposition fait remarquer que Hun Sen est très pointilleux dès que l’on parle du Vietnam voisin. Par exemple, Hun Sen envisage de porter plainte contre l’opposition pour diffamation, car elle a affirmé que le PPC a autorisé les Vietnamiens à s’installer au Cambodge, et le PPC d’être la marionnette du Vietnam.

Hun Sen profite des propos de Kem Sokha pour demander qu’une loi anti-révisionniste soit votée. En cinq jours, les cinq articles de la loi sont rédigés et votés le 7 juin, à l’unanimité par les députés PPC, après deux heures d’examen, puis par le Sénat. L’opposition déclare cette loi illégale, puisque le quorum n’était pas réuni à l’Assemblée nationale. Cette loi prévoit entre six mois et deux ans d’emprisonnement, et entre 250 et 500 dollars d’amende pour les révisionnistes. Il n’y est pas noté le mot « génocide », dont l’interprétation est discutée entre experts. Le PSNC avait demandé, en vain, à ce que le vote de cette loi soit reporté après les élections, et qu’il y soit stipulé que les ex-responsables Khmers rouges soient interdits de hautes fonctions dans l’Etat.

Kem Sokha est convoqué devant la Cour municipale de Phnom Penh le 2 juillet. Bien que la loi ne soit pas rétroactive, il y a toujours un danger qu’il soit condamné, et donc exclus du processus électoral.

Trois autres plaintes sont portées contre le leader de l’opposition :

* Une femme est présentée comme l’ancienne maîtresse de Kem Sokha, en 1998, mais Sokha nie la connaître (13.06.13). Les gardes du corps de Kem Sokha auraient bousculé la mère de cette ex-maîtresse lors d’un meeting électoral à Prey Veng (14.06.13). Elle porte plainte pour violence à son égard.

* Hun Sen révèle qu’il a empêché la police d’arrêter Kem Sokha, qui avait versé 500 dollars pour acheter des relations sexuelles avec une mineure de 15 ans à l’hôtel Micasa, ce que nie Kem Sokha.

Le PSNC choisit la modération. Initialement, il avait menacé de boycotter les élections, pour ne pas participer à cette « farce électorale ». Mais finalement, comme les absents ont toujours tort, il décide d’y participer comme une contribution à l’établissement de la démocratie au Cambodge.

Contestation de Surya Subédi

Surya Subédi, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU, fait sa neuvième et dernière mission au Cambodge du 19 au 26 mai. On se souvient que l’an dernier, le Premier ministre avait refusé de le recevoir, et que Surya Subédi avait fait un rapport accablant sur l’observation des droits de l’homme au Cambodge. Il rencontre le président du CNE (Comité National des Elections), le président de l’Autorité de lutte contre la corruption, et le Premier ministre.

Le 21 mai, cet éminent professeur de droit international donne une conférence sur l’importance des lois protégeant les investisseurs. Cette conférence est prévue pour 300 étudiants de l’Université du Mékong, mais 100 étudiants supplémentaires y assistent. Ces derniers prennent violemment à partie le conférencier sur son dernier rapport concernant les droits de l’homme et demandent la fin du poste d’envoyé spécial au Cambodge. (Il y en a dans 74 pays à travers le monde). La fronde est menée par un membre bien connu d’une organisation de jeunesse alignée sur le PPC, présidée par Hun Many, fils de Hun Sen (Union des Fédérations de la Jeunesse).

Avec les volontaires de la Croix-Rouge organisés par le PPC, on en est revenu aux organisations de masse de la jeunesse du temps du communisme.

La manifestation contre Surya Subédi, on le devine, est « spontanée » et n’est « absolument pas liée au PPC », « les banderoles avaient été préparées par d’autres, mais pas planifiées à l’avance ». Cette manifestation a permis un échange sur Internet qui a reçu 3 105 commentaires pro et anti. L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU n’a eu droit à aucune couverture médiatique, ni dans les journaux, ni à la télévision.

Le président de l’Autorité anti-corruption du Cambodge l’accuse d’être un agent de l’opposition, et de n’écouter qu’un seul côté.

Exclusion des députés de l’opposition de l’Assemblée nationale

Le 5 juin, le Comité permanent de l’Assemblée nationale décide d’exclure de son sein les 27 députés du PSR et du PDH, ainsi que deux membres du PNR (Parti Norodom Ranariddh) qui ont rejoint le Funcinpec. Il supprime également le versement de leurs salaires. Il argue que la Constitution stipule que l’on ne peut appartenir à deux partis à la fois, et que l’on ne peut être député que d’un parti représentgé à l’Assemblée. Les députés de l’opposition crient au scandale : ils sont les élus du peuple, et seul le peuple peut les démettre par son vote. Ils déclarent l’Assemblée nationale illégale, puisque la Constitution prévoit qu’elle soit constituée de 123 membres, or il n’y en a plus que 94.

* Le 8 juin, le Département d’Etat américain se déclare « profondément concerné » par l’expulsion des députés de l’opposition, ce qui est « en contradiction avec le processus d’une saine démocratie... Cela prive le peuple cambodgien de sa voix ». L’Assemblée nationale cambodgienne invite les Etats-Unis à abandonner l’attitude colonialiste visant à lui dicter son comportement. Le 9 juin, Surya Subédi affirme que cette décision sape les principes de la démocratie, spécialement en cette période électorale.

Cela risque de donner une mauvaise perception des élections, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Sam Rainsy, pour sa part, déclare qu’en agissant ainsi, Hun Sen place le pays « dans un climat d’instabilité et d’incertitude qui peut conduire à la guerre civile ». Selon un expert de l’Académie australienne de la Défense, « Hun Sen se plaît à humilier l’opposition et à la dominer, comme dans une pièce de théâtre politique, pour indiquer que c’est lui l’homme fort ».

Mainmise sur les médias

Tous les médias sont entre les mains du pouvoir. Le 22 mai, l’opposition demande un débat télévisé entre le Premier ministre et Kem Sokha. Mais le Premier ministre refuse. Plusieurs fois, des ONG proposent des conférences-débats entre des membres de différents partis sur des sujets épineux : le PPC se dérobe toujours. Le 24 juin, cinq partis signent un accord pour mener une campagne électorale sans heurt et pour exposer leur budget respectif pour les élections. Seul le PPC est absent.

* Les huit partis sont autorisés à diffuser un spot télévisé préenregistré de 15 minutes sur la télévision d’Etat le matin et l’après-midi, concernant leur plateforme politique.

* 700 000 Cambodgiens utilisent Facebook et ont donc une information moins unilatérale.

* RFI (Radio France Internationale) étend la durée de ses émissions en khmer jusqu’à 14 heures par jour afin de fournir une information indépendante. Effectivement, même les villageois préfèrent RFI à Radio Free Asia, ou à Voice of America, qu’ils trouvent trop engagées dans la politique américaine.

Le 28 juin dans la soirée, un communiqué interdit aux radios locales de rediffuser les émissions étrangères en khmer (Radio Free Asia, Voice of America, ABC d’Australie et RFI) pendant 31 jours jusqu’après les élections. Le porte-parole du gouvernement justifie cette interdiction par le fait que ces radios ne disent que du mal du gouvernement et jamais ce qu’il réalise de bien.

* Même chez les paysans, c’est la consternation : ce sont pour eux les seules informations crédibles. Dans les transports en commun, on n’écoute que les radios étrangères en khmer, sans même se cacher comme autrefois. Cette interdiction est ressentie comme une cruelle atteinte aux droits de l’homme.

* La réaction américaine est immédiate : c’est « une attaque frontale contre la liberté de la presse, la plus considérable et la plus stupéfiante de l’histoire récente au Cambodge ». « La décision du Premier ministre Hun Sen constitue un grand pas en arrière dans la marche vers la démocratie et la liberté au Cambodge », déclare le porte-parole de RFA.

Dès le lendemain, le ministère de l’Information annonce que les radios étrangères pourront continuer à émettre en ondes courtes, puis, le surlendemain 30 juin, que les radios locales pourront à nouveau rediffuser les émissions étrangères jusqu’à cinq jours avant les élections.

* Le gouverneur de Ratanakiri interdit à tous les citoyens et à toutes les autorités locales de participer à des séminaires de formation organisés par des ONG afin d’éviter que ces gens ne s’éloignent des bureaux de vote et ne négligent la préparation des élections. Adhoc s’insurge contre cette violation du droit d’association et maintient son programme. Finalement, le gouverneur autorise les réunions et séminaires dans les villages.

Divers

*Le 23 mai, deux moines des deux ordres monastiques cambodgiens tirent au sort les numéros des partis sur les bulletins de vote : le PPC reçoit le nº 4, le PSNC le nº 7.

* Le CNE fait imprimer 2,5 millions de bulletins de vote supplémentaires (plus de 12 millions pour un peu moins de 10 millions de votants), ce qui autorise tous les fantasmes concernant un bourrage éventuel des urnes.

* Le 5 juin, le CNE annonce l’enregistrement de plus de 7 746 observateurs, dont 7 720 Cambodgiens. Le même jour, Sam Rainsy se voit interdire l’entrée en Thaïlande, pour éviter qu’il n’utilise ce pays comme base d’action politique contre le gouvernement cambodgien actuel.

* Le 13 mai, le Premier ministre fait une grande réunion à Koh Pich, à laquelle sont invités 4 500 instituteurs, auxquels il donne 12,5 dollars à chacun. Honni soit celui qui oserait penser à un achat de voix. Les salaires des instituteurs sont compris entre 65 et 110 dollars par mois, ce qui fait de l’Education nationale l’une des pires de la région.

* Peu de femmes sont candidates : le PPC en compte 20, ainsi que 28 en réserve ; le Funcinpec en compte 12, dont 19 en réserve ; le PSNC le même nombre.

* Le gouvernement indien fait un don de 40 000 bouteilles d’encre indélébile au CNE, ce qui représente un don de 830 000 dollars.

* On ouvre des haut-parleurs à pleine puissance pour gêner les meetings de l’opposition (13.06.13) ; on arrache plus de 100 panneaux publicitaires du PSNC (16 dans les seules provinces de Prey Veng et de Svay Rieng). On affirme que c’est le PSNC qui a endommagé ses propres panneaux pour créer une mauvaise atmosphère électorale. Hun Sen ordonne la recherche des coupables.

Dans un tel contexte, les résultats des élections semblent acquis au pouvoir qui peut compter sur les masses paysannes peu formées à la démocratie. On comprend que les Etats-Unis, l’Union européenne, l’ONU et les associations locales d’observation du processus électoral dénoncent l’exclusion des partis politiques des mass media, le manque d’indépendance du CNE et son refus de réviser les listes électorales (plus d’un million de votants potentiels en seraient exclus), et refusent donc de considérer ces élections comme « justes et équitables ». Comfrel la qualifie même d’« élection la moins régulière depuis 1993 ».

La démocratie ne se décrète pas, et le Cambodge n’a jamais connu de vrai régime démocratique. Le pouvoir a toujours été confisqué soit par le roi, « Maître de l’eau et de la terre », « Maître de la vie placé sur la tête », soit par ses successeurs investis des mêmes prérogatives royales. Une personnalité et le clan de ses obligés considèrent les richesses pays comme son bien propre. Ces élections sont donc un enjeu majeur sur le plan financier pour le clan au pouvoir. Même en cas de victoire improbable de l’opposition, jamais le PPC n’acceptera de quitter ce pouvoir juteux. Il peut compter aussi sur la passivité totale de la-dite « communauté internationale ».

Chambres extraordinaires

* Le 21 mai, Philippe Julian, condisciple de Khieu Samphân à Paris, décrit ce dernier comme un socialiste humble et pragmatique. Plusieurs témoins appelés au tribunal tiennent le même langage, notamment son garde du corps : « Il travaillait beaucoup... il était patient, très méticuleux, une personne raisonnable qui conseillait ses subordonnés. » Son épouse ainsi que son chauffeur tracent de lui un portrait très flatteur.

* Le 30 mai, Nuon Chéa exprime ses regrets de ce qu’il a commis « volontairement ou involontairement » et adresse ses « sincères condoléances aux familles pour les disparus ». Il affirme que « le Kampuchéa démocratique n’avait pas l’intention de tuer le peuple, mais de sauver le peuple, de l’éduquer, pour que les gens deviennent de bons citoyens et s’aiment les uns les autres ». Il décrit la déportation des habitants de Phnom Penh comme un acte de bienveillance à son égard, la mettant à l’abri des bombardements américains et d’une possible invasion par le Vietnam.

Un témoin accuse Khieu Samphân d’avoir été partisan de la déportation, alors que Hu You, Hu Nim, Vorn Vet ne l’étaient pas. Khieu Samphân a plusieurs fois affirmé l’inverse.

* Le 6 juin, Duch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, 70 ans, ex-directeur de la prison S-21, condamné le 3 février à la prison à vie, est conduit dans une cellule spécialement construite pour lui dans la prison provinciale de Kandal.

* Sou Met, ancien commandant en chef de l’aviation du Kampuchéa démocratique, que l’on crédite généralement de plusieurs dizaines de milliers d’assassinats, notamment lors de la construction de l’aéroport de Kompong Chhnang, a été incinéré le 17 juin à Battambang. Il faisait l’objet de l’action en justice Cas Nº003, auquel s’opposait fermement Hun Sen. Il est mort de maladie à 80 ans.

Economie

* Les exportations de riz décortiqué ont plus que doublé durant les cinq premiers mois de l’année par rapport à l’année dernière pour atteindre 147 000 tonnes, dont 23 000 en France.

* Un rapport de Global Witness, ONG britannique d’observation de l’environnement, diffusé le 13 mai, révèle que la Deutsche Bank (DB) et l’International Finance Corporation (IFC), branche de la Banque Mondiale (BM), ont injecté des millions de dollars dans des sociétés vietnamiennes d’industrie du caoutchouc qui s’adonnent à la déforestation et aux évictions forcées des villageois de leurs terres, tant au Cambodge qu’au Laos, au mépris des lois locales. L’IFC participe à hauteur de 14,95 millions de dollars dans le capital de la société Hoang Anh Gia Lai (HAGL, inscrite à la Bourse de Londres), et la DB à hauteur de 4,5 millions, ainsi qu’à hauteur de 3,3 millions dans celui de la société Dong Phu. Ces deux sociétés contrôlent 180 000 hectares de plantations d’hévéas (alors que la superficie des concessions est limitée par la loi à 10 000 hectares). Au moins dix-neuf sociétés filiales de la société d’Etat vietnamienne VRG (Vietnam Rubber Group) opèrent au Cambodge qu’elles colonisent peu à peu. La comparaison entre les photos satellites prises en 2011 et celles prises récemment montrent à l’évidence la déforestation des forêts primaires de ces régions. Les villageois sont mis au courant de l’octroi de leurs terres en concession à ces sociétés quand arrivent les bulldozers qui détruisent leur forêt, ce qui engendre de nombreux conflits fonciers et appauvrissent la population.

* La DB et la BM démentent, mais ce n’est pas la première fois que ces deux organismes investissent dans des projets qui nuisent à la population cambodgienne : en 2009, 79 familles de Sihanoukville étaient lésées par l’expansion de l’aéroport, financée par la BM ; 387 familles de Phnom Penh étaient lésées dans l’expansion de celui de Phnom Penh. Selon Equitable Cambodia, ONG de défense des droits de la terre, DB a investi également dans une société thaïlandaise de sucrerie (KSL) qui a chassé des centaines de paysans de leurs terres. Suite à ce rapport, la société HAGL voit le cours de son titre baisser de 7 % à la bourse de Londres, mais nie en bloc les accusations de Global Witness qui s’appuient cependant sur des faits indiscutables : quatre filiales de HAGL ont obtenu des concessions de 28 000 hectares dans le parc naturel de Lumpat et le parc national de Virachey. Six filiales de HAGL détiennent à elles seules 47 370 hectares dans la province de Ratanakiri, soit 5 % du territoire de la province. Nier les pots-de-vin versés aux autorités cambodgiennes fait partie de la rhétorique.

* Une pétition est lancée sur le Web, demandant à ce que le club de football l’Arsenal coupe tout lien avec la société vietnamienne incriminée qui le soutient financièrement.

* Selon le Premier ministre, actuellement 280 000 hectares sont plantés en hévéas, dont 118 000 sur des concessions. Un million des 1,5 million d’hectares accordés en concession sont enregistrés comme plantations d’hévéas. Il espère que dans quelques années, les plantations cambodgiennes seront supérieures à celle du Vietnam, actuellement le troisième exportateur de caoutchouc. Selon Camcontrol, organisme de régulation du Commerce cambodgien, le Cambodge a exporté 54 000 tonnes de caoutchouc sec en 2012 (moins qu’en 1970, alors que les plantations couvraient au maximum 80 000 hectares) pour une valeur de 158 millions de dollars, alors que le Vietnam en a exporté 1 million de tonnes, pour une valeur de plus de 2,8 milliards. Il est vrai qu’une bonne partie du caoutchouc cambodgien est transporté sous forme de latex au Vietnam où il est transformé, processus faisant perdre au Cambodge la valeur ajoutée ainsi créée.

Commerce

* Durant les quatre premiers mois de l’année, le nouveau port de Phnom Penh a connu 46 % d’augmentation de son trafic, avec 35 980 conteneurs. La plupart des marchandises importées sont du matériel de construction en provenance de Chine. Le trafic du port de Sihanoukville a connu une augmentation de 12,5 % par rapport à la même période de l’année dernière, avec 87 467 conteneurs. Le Cambodge exporte surtout du riz et du manioc (vers la Chine), et importe des machines-outils, du charbon et du pétrole. Les exportations de riz ont cru de 43 %, surtout en direction de l’Europe.

Electricité

* Le sénateur Ly Yong Phat (CCP) décroche un contrat de 92,21 millions de dollars pour l’installation de lignes électriques dans les provinces de l’Est du Cambodge. Le sénateur construit également une centrale thermique à Koh Kong, et a décroché un autre contrat en mars dernier pour la construction d’un stade national en vue des Jeux du Sud-Est asiatique de 2023.

* Selon la Banque mondiale et l’ONU, en 2013, les travailleurs migrants à l’étranger ont envoyé 256 millions de dollars au Cambodge, et ont ainsi permis au PIB une croissance de 1,8 %. Les agences de transfert prélèvent environ 10 % de ces sommes.

Aides et investissement

* Le 21 mai, le gouvernement chinois fait un don de 400 000 dollars au bureau du PNUD de Phnom Penh, pour aider à améliorer la qualité du manioc. Les exportations de manioc ont crû de 160 % l’an dernier, pour s’élever à 722 273 tonnes. Le gouvernement envisage de les porter à un million de tonnes. Le manioc épuise les terres au bout de quelques années, si cette culture est unique.

* Le 26 mai est inauguré un complexe industriel vietnamo-indien de fabrique de sucre, d’éthanol et d’électricité pour un coût de 90,7 millions de dollars (25,3 pour la partie indienne, 65,4 par la partie vietnamienne), lancé à Sambor, dans la province de Kratié, sur une superficie de 7 000 hectares. Cette usine de raffinerie de sucre prévoit de fournir 3 500 tonnes de sucre (elle dispose d’une plantation de 20 000 hectares de canne à sucre) et 30 000 litres d’éthanol par jour, qui pourront faire fonctionner une génératrice de 24 MW. Six cents emplois sont ainsi créés. Selon Adhoc, l’entreprise avait promis des salaires de 6,5 dollars par jour, mais les a diminués à 3,7. Du coup, beaucoup de travailleurs venus des provinces voisines sont retournés chez eux.

* Le 1er juin, environ 250 employés de cette nouvelle entreprise bloquent la route conduisant à l’entreprise en protestation contre le non-paiement de leur salaire durant les deux dernières semaines. De fait, la société a versé des salaires à un intermédiaire qui s’est enfui avec l’argent. La société a payé à nouveau les salaires, et les employés ont repris le travail.

* En visite au Cambodge le ministre du Commerce du Royaume-Uni exprime son intérêt pour commercer avec le Cambodge. En 2012, le commerce entre les deux pays s’élevait à 750 millions de dollars. Il est en hausse de 24 % durant les cinq premiers mois de l’année. La Grande-Bretagne exporte des véhicules, du matériel textile, de la machinerie, du matériel médical et pharmaceutique, et importe des vêtements, des chaussures, du sucre et des céréales.

* Le 13 juin, une délégation de la province chinoise du Sichuan remet 100 tracteurs au Cambodge, pour une valeur de 110 000 dollars.

* Le 20 juin, le lendemain de l’appel de l’opposition à la communauté internationale de geler toute aide à ce gouvernement désormais illégitime, l’Union européenne accorde un don de 20 millions d’euros (26,2 millions de dollars) au Cambodge pour son agriculture.

* Le 28 juin, la Banque asiatique pour le développement (BAD) accorde un prêt de 55 millions de dollars pour améliorer la quantité et la qualité des exportations de riz.

Société

Travailleurs migrants


* Un bureau du ministère de l’Intérieur est installé à Battambang pour faciliter l’obtention de visas pour partir travailler en Thaïlande. Théoriquement, le passeport coûte 124 dollars, mais il faut souvent payer beaucoup plus (jusqu’à 285), ce qui favorise les départs clandestins. Il y aurait 100 000 immigrants cambodgiens légaux, et 600 000 illégaux en Thaïlande.

Conditions de travail

* Le 16 mai, un apprenti d’une usine de chaussures appartenant à des Taïwanais, et travaillant pour une société japonaise, construite sans autorisation, s’effondre, tue deux ouvrières et en blesse onze autres. Cet accident est qualifié de « petit accident » par la direction... ce qui provoque la colère du directeur Centre d’éducation légale (Clerc). Faut-il attendre les 1 200 morts du Bengladesh ? Les familles des deux victimes reçoivent chacune 6 500 dollars pour les funérailles. L’une a reçu en plus 9 000 de compensation, l’autre négocie... Les deux accidentées les plus graves ont reçu 1 700 dollars, les neuf accidentées plus légèrement 550. Même si cette usine n’était pas supervisée par le programme « Better Factories » du BIT chargé d’inspecter les conditions de travail des ouvrières, on se pose des questions sur l’utilité de ce programme : il ne rend jamais ses rapports publics, leur ôtant ainsi toute force de pression. En février dernier, un groupe de chercheurs de l’université de Stanford (Etats-Unis) avaient déjà stigmatisé l’absence de transparence de Better Factories.

* Le 20 mai, le toit d’une véranda en béton qui reliait un réfectoire à une cafétéria dans une usine travaillant pour le géant américain Gap s’effondre et blesse 20 ouvrières, dont une femme enceinte.

Mouvements sociaux

* Depuis le 20 mai, environ 5 000 employés de l’usine de textile Sabrina de Kompong Speu fabriquant des vêtements pour le géant américain du sport Nike bloquent la Nationale 4 pendant une heure, pour demander une augmentation de 0,25 dollars par heure supplémentaire, 1 dollar pour le repas de midi les jours de fête, et 8 dollars de frais de transport par mois, plus 25 dollars pour l’achat de lait pour les enfants de moins de 20 mois. Le 3 juin, environ 1 000 policiers anti-émeute tentent de briser le mouvement. Une dizaine d’employés favorables à la direction lancent des pierres de l’intérieur de l’usine sur les manifestants qui se retournent contre eux. Huit, puis seize représentants syndicaux sont arrêtés. Les affrontements seraient dus à l’opposition de deux syndicats rivaux. Le SIORC menace de lancer une grève générale si ses représentants ne sont pas libérés. En début juin, 300 ouvriers sont licenciés. Onze mille employés de 33 usines signent une pétition envoyée aux ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne pour demander la libération des huit syndicalistes emprisonnés.

* Depuis le 13 juin, plus de 500 employés du casino Naga World de Phnom Penh manifestent devant leur établissement pour demander une augmentation de salaire de 80 à 150 dollars mensuels. Le 18 juin, la police arrête 19 employés, dont deux délégués syndicaux. Les actions de la société ont perdu 10 % de leur valeur à la bourse de Hongkong. Le 25 juin, la Cour municipale de Phnom Penh ordonne la reprise immédiate du travail.

Conflits fonciers

* En dépit de la demande du Parlement européen d’octobre 2012, en dépit d’une lettre de 13 parlementaires européens en mars dernier, le représentant de la Commission européenne au Cambodge refuse de lancer une enquête approfondie sur les violations foncières au Cambodge. Il exprime toutefois ses « préoccupations au plus haut niveau », mais n’envisage pas de remettre en cause les clauses de l’accord multifibre qui autorise l’entrée sans droits de douane des produits cambodgiens dans l’UE. En 2012, les exportations cambodgiennes en Europe ont crû deux fois plus vite que pour les autres pays, cumulant 2,3 milliards de dollars.

* Le 20 mai, un Djarai accuse un chef de village de menaces de mort à son égard, car il a porté plainte contre ce chef qui a vendu illégalement 593 hectares des terrains communs de son ethnie.

* Un homme et ses trois enfants sont battus par les employés de la société DM Group de Ratanakiri, alors que cet homme essayait d’arrêter ces employés de couper les arbres sur ses propres terres. Le juge accuse cet homme d’avoir été victime d’un accident de la circulation, d’avoir attaqué les employés, puis l’oblige à signer une déposition dans laquelle il accepte un dédommagement de 1 000 dollars. De victime, cet homme devient coupable.

* Le 25 mai, deux villages de Kéo Seima (Mondolkiri) reçoivent des titres de propriété collective sur une superficie totale de 1 031 hectares. Durant la première semaine de juin, un titre de propriété de 1 084 hectares est accordé à 102 familles de Kéo Seima. Depuis 2011, huit titres collectifs ont été ainsi attribués.

* Le 29 mai, un groupe de 100 membres de la minorité ethnique Banong, de Bousra, arrêtent un groupe de onze travailleurs loués pour couper les arbres sur 1 000 hectares. Ils confisquent deux tronçonneuses et leur outil de travail. Ce n’est pas la première fois qu’ils mènent une telle opération, mais les autorités n’ont jamais rien fait pour stopper cette déforestation anarchique.

* Les associations Licadho et Equitable Cambodia portent plainte contre la société thaïlandaise Mitr Phol, qui aurait expulsé 602 familles de leurs terres, brûlé au moins 250 maisons et battu les villageois, pour créer une plantation de canne à sucre de 20 000 hectares dans la province d’Oddar Méan Chhey. Le sénateur Ly Yong Phat aurait favorisé l’octroi de cette concession. Le sénateur est également accusé d’avoir dépossédé les villageois de Srè Ambel (province de Koh Kong), d’avoir fait combler les puits de ceux qui n’acceptaient pas de quitter leurs maisons, les réduisant ainsi à la mendicité. Il a vendu ses parts à la société thaïlandaise Khon Kaen Sugar. L’an dernier, la commission Thai Human Right a confirmé ces violations des droits de l’homme.

* Après avoir réprimé avec violence plusieurs manifestations des ex-habitants de Boeung Kâk, le personnel de la municipalité de Phnom Penh se rend sur les lieux pour examiner la situation des 60 familles exclues du plan de réinsertion sur 12 hectares accordés par le Premier ministre en 2011.

* Le 10 juin, 15 villageois représentant 18 familles de Kratié, qui ont reçu des titres de propriété établis par les étudiants en août dernier, portent une pétition au ministère de l’Aménagement du territoire pour protester contre la société Sovan Vuthy Rubber qui a rasé leurs cultures.

* Le 15 juin, plus de 100 villageois de Sandan accusent la société vietnamienne CRCK d’avoir coupé 500 hectares de leur forêt, en dehors de sa concession de 6 000 hectares et de n’avoir versé aucune compensation.

Santé

* Le 9 mai, le Cambodge signe un accord avec les pays du Mékong et l’Office de l’ONU de lutte contre la drogue.

* Environ 700 femmes meurent en couches chaque année au Cambodge, soit 2,5 pour 1 000.

Education

* L’Institut Confucius, lancé en 2009 et installé dans le campus de l’Académie royale, est un modèle d’école studieuse. Les élèves paient cinq dollars par mois, tous les frais scolaires sont pris en charge par le gouvernement chinois. Il comprend 13 branches avec un total de 5 000 élèves à Phnom Penh et dans cinq provinces. La langue chinoise n’est plus simplement la langue du commerce, mais aussi celle de la diplomatie. L’Institut envisage de créer des écoles dans toutes les provinces et de former 50 000 Cambodgiens. Chaque année, plusieurs centaines de Cambodgiens partent faire leurs études en Chine. Les Chinois et les Sino-Khmers contrôlent plus de 70 % de l’économie du Cambodge.

Armée

* A partir du 16 mai, 139 membres des troupes américaines et les 317 membres des FARC (Forces Armées Royales du Cambodge) font des exercices communs à Kompong Speu durant trois semaines sous le nom de code « Angkor-sentinelle 2013 ». Cent cinquante soldats ont donné leur sang pour lancer la journée nationale de don du sang. Le 6 juin, les aviations des Etats-Unis, de Malaisie et de Thaïlande ont procédé à des largages aériens, exercice qui pourrait être utile en cas de catastrophe naturelle.

Justice

* La fille d’un haut fonctionnaire, étudiante en médecine, qui au volant de sa voiture a tué trois enfants et blessé six personnes, le 1er mars dernier, est condamnée à trois mois de prison avec sursis. Elle a versé 40 000 dollars aux familles.

* Après des mois d’enquête, en décembre dernier, la Cour provinciale de Svay Rieng acquitte Chhuk Bunrith, gouverneur de Bavet, qui a tiré sur la foule de manifestantes, le 20 février 2012, et qui en a blessé trois, dont une grièvement. Devant la réprobation nationale et internationale, en mars dernier, la Cour d’appel de Phnom Penh décide de rouvrir le dossier mais de le confier à nouveau à la Cour de Svay Rieng, ce dont s’insurgent les défenseurs des droits de l’homme. Le 25 juin, après le témoignage précis d’un policier témoin oculaire des faits, la Cour de Svay Rieng condamne Chhuk Bunrith à 18 mois de prison, avec « arrestation immédiate », et à verser 9 500 dollars aux trois ouvrières blessées. Ni lui, ni son avocat n’ont daigné se présenter à la cour. Lors du précédent procès, son attitude arrogante, symptomatique des gens proches du pouvoir jouissant de l’immunité, était révoltante. La police ignore où se trouve le condamné... Les défenseurs des droits de l’homme font remarquer la différence de traitement à l’égard de Mme Yorn Bopha, emprisonnée immédiatement, accusée à tort d’avoir excité des expulsés à manifester...

Divers

* Le foudre a déjà tué 72 personnes cette année.

Patrimoine

* Le 11 juin, sous l’œil attentif de fonctionnaires et de journalistes, les deux statues d’orants du temple de Prasat Chen de Koh Ker, conservées par le Metropolitan Museum of Art de New York, arrivent à Phnom Penh et sont exposées au Musée de Phnom Penh.

* Avec le nouveau système Lidar (Light-radar), on confirme l’existence d’une grande ville du nom de « Mahendraparvata » sur le plateau du Phnom Kulen avec de nombreux temples.

* Le 19 mai, le film de Rithy Panh « L’image manquante » reçoit un prix au Festival de Cannes « l’un des meilleurs films du festival », commente le Bangkok Post.

* Le 16 mai, six marins russes sont découverts morts dans un bateau battant pavillon de complaisance cambodgien, suite à l’incendie de leur navire dans le port de Wikamai (Japon). Trois semaines plus tôt, un autre bateau battant pavillon cambodgien était arraisonné par les autorités japonaises.

* Pour la première fois, quatre chefs cambodgiens gagnent le prix de la meilleure cuisine lors d’un concours tenu du 22 au 26 mai à Siemréap.

* Le 16 juin, 4 000 coureurs à pieds ont couru un semi-marathon dont la recette de 500 000 dollars a été remise par moitié aux hôpitaux Kantha Bophal et au CIMAC (Centre d’action contre les mines).

* Des scientifiques ont découvert une nouvelle espèce d’oiseau au Cambodge.

Lu pour vous

Le piège khmer rouge, par Laurence Picq (Buchet Chatel, Paris 2013, 319 pp., 22 euros)

Que doit-on admirer le plus ? La prodigieuse volonté de survie et le courage de l’auteure, qui décrit par le menu sa vie et celle de ses enfants en haut de la hiérarchie khmère rouge ? On trouve une analyse très profonde, sans doute jamais atteinte jusqu’à ce jour, sur les moyens employés par l’Angkar pour supprimer l’ego des personnes vivant dans ce régime ubuesque. L’analyse de la novlangue est particulièrement éclairante. Les dirigeants Khmers rouges, consciemment ou non, ont voulu imposer l’anatta, la non-individualité bouddhique, à des fins totalement étrangères à cette religion. A lire absolument.

Les Impunis, par Olivier Weber (Robert Laffont, Paris 2013, 247 pp., 20 euros)

L’auteur a arpenté pendant plusieurs années la région de Pailin. Il connaît donc bien très bien la vie de cette enclave khmère rouge, mini-Etat gouverné par Y Chieng, Mey Mak, et beaucoup d’anciens cadres khmers rouges. Les anciens puritains, qui avaient voulu abolir la monnaie et prônaient la rigueur sexuelles, se vautrent dans le stupre, le trafic d’êtres humains, le trafic de pierres précieuses et de bois. Ils continuent à faire régner un climat de peur diffuse sur la région. L’auteur y réfléchit sur la Mal, qui semble s’être concentré en ces anciens Khmers rouges. Roman historique ou reportage de voyage ? La réalité décrite est saisissante.

(Source: Eglises d'Asie, 8 juillet 2013)