« Nous demandons instamment à tous les pays d’Asie et tout spécialement à notre gouvernement, ainsi qu’au reste de la communauté internationale, de faire pression sur le gouvernement militaire [de Birmanie] pour la libération sans condition d’Aung San Suu Kyi ainsi que pour la restauration de la démocratie dans le pays » (1). Par cette déclaration sans équivoque publiée le 21 mai, le Rév. Thomas Philips, de l’Eglise Mar Thomas (2), président du Conseil des Eglises de Malaisie (CCM) (3), et son secrétaire général, le Rév. Hermen Shastri, de l’Eglise méthodiste, ont condamné l’emprisonnement et le procès d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, figure emblématique de la résistance à la junte birmane.

La dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), âgée de 63 ans, est accusée d’avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, en hébergeant un Américain début mai. John Yettaw, membre de l’Eglise mormone, qui avait traversé à la nage le lac bordant la maison de la dissidente à Rangoun, a expliqué son geste en disant avoir eu la prémonition de l’exécution d’Aung San Suu Kyi. Cette dernière, ainsi que ses deux employées de maison, assignées à résidence avec elle, ont expliqué n’avoir pu empêcher l’intrusion de cet homme âgée d’une cinquantaine d’années, ni le dissuader de repartir, après sa traversée. Il est actuellement jugé ainsi que les deux compagnes de la résistante birmane.

Sur les dix-neuf dernières années, Aung San Suu Kyi a été privée de liberté durant treize ans. Si elle est condamnée par la cour, elle risque une peine de prison de cinq années supplémentaires. Malgré un état de santé qui inspire des inquiétudes, elle a été transférée à la prison d’Insein pour la durée de son procès, lequel a débuté la 18 mai dernier.

La junte birmane fait actuellement face à une vague d’indignation internationale dénonçant l’arrestation de la dissidente à quelques jours de l’expiration de son assignation à résidence – le 27 mai – comme un prétexte pour l’évincer de la campagne électorale nationale prévue pour 2010. « Le procès a pour but de rendre un jugement qui prolongera son assignation à résidence pour plusieurs années et l’empêchera de participer aux prochaines élections », poursuit ainsi la déclaration du Conseil des Eglises de Malaisie.

Définissant Aung San Suu Kyi comme « l’ambassadrice de la résistance passive pour le changement démocratique » et comme un « symbole de courage et d’espérance pour le peuple birman et le reste du monde », la déclaration du CMM conclut en assurant la dissidente de « sa solidarité et de sa prière pour le peuple de Birmanie, qui s’efforce avec foi et espérance d’instaurer la paix et la démocratie au cœur de sa nation ».

(1) Ucanews, 22 mai 2009.
(2) Le Conseil des Eglises de Malaisie (Council of Churches of Malaysia, CCM) est un rassemblement œcuménique d’Eglises et d’organisations chrétiennes. L’Eglise catholique de Malaisie, la plus importante des Eglises chrétiennes en Malaisie avec environ 600 000 fidèles, n’en fait pas partie. Près de 300 000 fidèles adhèrent à l’Eglise méthodiste et 170 000 à l’Eglise anglicane. En Malaisie, où l’islam est la religion officielle, les chrétiens représentent 7 % de la population.
(3) L’Eglise malankare Mar Thomas, de tradition syriaque, est d’obédience anglicane.

(Source: Eglises d'Asie, 22 mai 2009)