Le 8 novembre dernier, en visite à Tokyo, une délégation de l’officiel Mouvement des trois autonomies, qui fédère les Eglises protestantes enregistrées auprès des autorités chinoises, a annoncé que les chrétiens de Chine populaire pourront prochainement lire une Bible en bande dessinée, directement traduite d’une version manga japonaise.

« Les manga sont très populaires auprès de la jeunesse chinoise d’aujourd’hui,. ..

... a expliqué Elder Fu Xianwei, président du Mouvement des trois autonomies, lors d’une conférence de presse organisée sous l’égide de la Société biblique du Japon. Notre Eglise est en discussion avec la Société biblique du Japon pour étudier la possibilité d’imprimer une version chinoise de la Bible en manga. »

Au Japon, la Société biblique japonaise contribue activement à la diffusion de la Bible. Dans un pays où les chrétiens ne représentent pas plus de 1 % de la population, la Bible est un texte qui est loin d’être inconnu et, en juillet 2008, la Société biblique pouvait fêter la vente du dix millionième exemplaire de la « Nouvelle Bible interconfessionnelle », une version publiée en 1987 en collaboration avec l’Eglise catholique et les Eglises protestantes et qui a connu un réel succès, étant lue par environ 80 % des chrétiens japonais. Le projet d’une traduction de la Bible en manga est plus récent et c’est en février 2008 que le premier volume, intitulé Messiah et centré sur la vie de Jésus, a paru. En mai 2008 suivait un deuxième volume, intitulé Apostolos, sur la vie des apôtres, notamment celles de Pierre et Paul. Le cinquième et dernier volume paraîtra en décembre prochain. En couleur, chaque volume compte plusieurs centaines de pages, le style graphique étant immanquablement identifiable au genre ‘manga’.

Pour la période contemporaine, les premiers échanges entre les Eglises du Japon et de Chine populaire remontent à 1983, lorsque le Conseil national chrétien du Japon envoya une délégation sur le continent chinois, à une date où les Eglises chrétiennes commençaient tout juste à renaître de leurs cendres dans la Chine de Deng Xiaoping. En 1984, la partie chinoise envoya à son tour une délégation en visite au Japon et, trois ans plus tard, des professeurs de japonais étaient envoyés en Chine par des Eglises protestantes.

Interrogé par un journaliste au sujet de l’éventuel impact négatif que la querelle sur les îles Diaoyu (Senkaku en japonais) aurait pu avoir sur les échanges entre les Eglises chrétiennes de Chine et du Japon (1), Elder Fu a répondu par la négative. « Notre visite s’est déroulée de manière très paisible », a-t-il précisé, expliquant que lui et les quatre autres membres envoyés par le Mouvement des trois autonomies avaient passé huit jours au Japon, du 2 au 9 novembre, sans incident aucun, les visites se succédant les unes aux autres. La délégation a ainsi visité l’université protestante Rakuno Gakuen, une maison pour personnes âgées et un jardin d’enfants dans le Hokkaido. Le principe d’une visite au Japon avait été fixé il y a plus d’un an, à l’occasion d’une visite en Chine de la Société biblique du Japon, a encore précisé le responsable chinois.

(1) L’arrestation, début septembre 2010, par les gardes côtes japonais du capitaine d’un bateau chinois près des îles Senkaku (Diaoyu en chinois), archipel contrôlé par le Japon mais revendiqué par la Chine, a entraîné une escalade de la tension entre Tokyo et Pékin, malgré la volonté affichée de part et d’autre de vouloir restaurer les liens bilatéraux. Au plus fort de la tension, dans la deuxième quinzaine d’octobre, bon nombre d’échanges et de visites officielles entre les deux pays ont été annulés.

(Source: Eglises d'Asie, 9 novembre 2010)