Vietnam: Après le procès des huit fidèles de Thai Ha, la municipalité de Hanoi s’en prend directement aux prêtres rédemptoristes dont elle demande l’expulsion hors de la capitale

La pause qui a succédé à la sentence relativement légère prononcée, le 8 décembre 2008, contre les huit fidèles de la paroisse de Thai Ha, aura été de courte durée. Dans une lettre envoyée au président de la Conférence des évêques catholiques du Vietnam et au supérieur provincial des rédemptoristes vietnamiens, le président du Comité populaire de Hanoi prolonge et intensifie son offensive contre la paroisse « rebelle » de Thai Ha. Il s’en prend cette fois aux religieux rédemptoristes responsables de la paroisse et demande le renvoi hors de la communauté de Hanoi d’un certain nombre d’entre eux qu’il énumère.

La lettre, qui est datée du 12 décembre, précise: « Pour améliorer les rapports entre l’église (1) et les autorités et remplir correctement sa fonction à l’égard de la communauté des fidèles, le Comité populaire de la Ville de Hanoi renouvelle sa demande auprès de la Conférence épiscopale du Vietnam et du supérieur provincial de la Congrégation des rédemptoristes du Vietnam: il est nécessaire de faire preuve d’une attitude critique et éducative à l’égard de M. (sic) Nguyên Ngoc Nam Phong et des autres ecclésiastiques de la paroisse de Thai Ha. En même temps, il faudra déplacer le prêtre Vu Khoi Phung et les ecclésiastiques Nguyên Van Khai et Nguyên Ngoc Nam Phong hors du diocèse de Hanoi » (2).

Le président du Comité populaire de Hanoi, Nguyên Thê Thao, précise qu’il s’agit là du renouvellement d’une demande. En effet, le 23 septembre 2008, une lettre avait déjà été envoyée par lui à la Conférence épiscopale demandant des sanctions contre l’archevêque de Hanoi et les religieux rédemptoristes, les mêmes qui sont mentionnés dans l’actuelle lettre. Une réponse brève et sèche des évêques avait informé le président du Comité populaire que les personnalités mises en cause n’avaient commis aucune faute au regard des lois de l’Eglise.

Dans les premières lignes de sa lettre du 12 décembre, Nguyên Thê Thao fait allusion à la sentence prononcée à l’issue du procès du 8 décembre, une sentence destinée, selon lui, à rappeler leur devoir aux huit accusés. Mais les prêtres de la paroisse n’auraient pas été de cet avis. Ils auraient tenu des propos et adopté des attitudes provocatrices. L’un d’eux aurait dit que le procès du 8 décembre était « le procès du diable et des ténèbres ». D’autres prêtres, dans leurs déclarations publiques, leurs réponses aux interviews, auraient également eu des paroles provocatrices, s’opposant à la loi et calomniant le gouvernement. Ces comportements mettent en péril, poursuit la lettre, les rapports entre l’Eglise et l’Etat et ne sont pas conformes à l’idéal religieux de la Conférence épiscopale, qui, selon le président du Comité populaire de Hanoi, se résume ainsi: « Adorer Dieu et aimer sa patrie; accomplir son devoir dans le domaine sacré comme dans le domaine profane ».

On peut noter que, cette fois-ci, Nguyên Thê Thao ne fait aucune allusion à l’archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, dont il avait réclamé publiquement l’éviction hors du diocèse dans une diatribe prononcée contre lui, le 15 octobre dernier, devant des représentants du corps diplomatique à Hanoi (3). On peut aussi remarquer qu’alors que la précédente lettre ne faisait que proposer des sanctions, l’actuelle en fait une obligation. Il est trop tôt sans doute pour préciser si la lettre du maire de Hanoi est une initiative isolée ou bien le début d’une seconde étape de la répression du mouvement des catholiques de Hanoi, une répression qui, cette fois, irait chercher les responsables au sein même de la hiérarchie.

(1) La lettre emploie le terme nhà tho qui désigne l’église-bâtiment.
(2) La lettre a été publiée sur les sites Dong Chua Cuu Thê et VietCatholic News, le 15 décembre 2008.
(3) Voir EDA 496.

(Source: Eglises d'Asie, 16 décembre 2008)