Le doyen de l’épiscopat vietnamien et, sans doute, de l’épiscopat catholique, Mgr Antoine Nguyên Van Thiên, est décédé le 13 mai 2012 à Mougins (Alpes-Maritimes), à l’âge de 106 ans. Menacé de bonne heure par la cécité, il était venu soigner ses yeux en France en mai 1975. Le changement de régime d’avril 1975 l’obligea à rester dans le sud de la France, où il vécut les 37 dernières années de sa vie.

Mgr Thiên, né en 1906, fut nommé évêque du diocèse de Vinh Long, puis consacré évêque le 22 janvier 1961, l’année de l’établissement de la hiérarchie catholique au Vietnam. Il succédait à Mgr Ngô Dinh Thuc, qui venait d’être nommé archevêque de Huê. Le même jour que lui, trois autres évêques étaient consacrés : Mgr Michel Nguyên Khac Ngu, qui fut évêque du diocèse de Long Xuyên et mourut centenaire, Mgr Trân Van Thiên, évêque de My Tho, et Mgr Nguyên Kim Diên, qui fut évêque de Cân Tho et ensuite de Huê, où, après 1975, il défendit héroïquement la liberté religieuse.

Durant les trois premières années de son épiscopat, il se préoccupe surtout de mettre son diocèse en état de mission. A cet effet, il fonde un centre de formation missionnaire. De multiples sessions y furent organisées pour aider les laïcs à se spécialiser dans l’enseignement catéchétique, l’action missionnaire et pastorale. Dès 1962, cette formation missionnaire fut dispensée dans les chrétientés et les paroisses. En 1964, Mgr Thiên ouvrit dans son diocèse un séminaire interdiocésain, confié aux sulpiciens. Il accueillit jusqu’à sa fermeture, en 1975, les candidats au sacerdoce des trois diocèses de My Tho, Vinh Long et Cân Tho. En cette même année 1964, grâce aux matériaux accumulés par son prédécesseur, il fit entreprendre la construction d’une cathédrale dont les formes sont inspirées par celles que l’on attribue à l’arche de Noé. Bien que non encore terminé, le nouveau lieu de culte est consacré dès 1965. Le diocèse de Vinh Long est aussi redevable à Mgr Thiên d’autres réalisations ayant vu le jour à cette époque, comme, par exemple, l’unification des congrégations des religieuses des Amantes la Croix de son diocèse, ou encore la création d’un centre de pèlerinage marial.

C’est en 1968, peu après l’attaque générale des forces communistes sur le Sud-Vietnam, que les premières atteintes du mal qui devait le rendre aveugle firent leur apparition. Il commença alors à consulter les médecins et les instituts médicaux spécialisés en ophtalmologie. Le mal s’aggravant, il fut obligé de proposer sa démission Saint-Siège. Laquelle fut acceptée et, en septembre 1968, en tant que co-consécrateur, il participa à l’élévation épiscopat de son successeur dans la cathédrale de Saigon.

Après sa démission, il continua, pendant quelques années, à garder l’espoir d’une guérison. Il se soignait en France, en 1975, lorsque le 30 avril, les forces communistes s’emparèrent de Saigon, mettant ainsi un terme à la guerre. Retiré dans le sud de la France, à Mougins, il mena dès lors une vie discrète et ne fit que de très rares apparitions publiques. Il fut le seul évêque vietnamien qui concélébra avec Jean Paul II la messe de canonisation des 117 martyrs du Vietnam, le 19 juin 1988.

Après le décès de Mgr Thiên, l’évêque le plus âgé de la planète devrait en théorie être un autre évêque asiatique : Mgr Francis Hong Yong-ho, évêque de Pyongyang (Corée du Nord), qui serait âgé de 105 ans. Ordonné en 1944, il a été emprisonné peu après par le régime communiste de Kim Il-sung. Probablement mort dans les camps nord-coréens, il reste toujours officiellement considéré comme « disparu » par l’Annuaire Pontifical.

(Source: Eglises d'Asie, 16 mai 2012 )