La communauté catholique du Népal a organisé début avril à Godavari, petite ville de la vallée de Katmandou, un séminaire de formation à l’évangélisation, en vue de préparer une mission dans l’ouest de l’Etat himalayen. De nombreux prêtres, religieux et laïcs s’y sont rendus, à l’invitation de Mgr Anthony Sharma, vicaire apostolique du Népal. « Nous mettons particulièrement l’accent sur la mission dans l’ouest du pays parce que nous avons déjà beaucoup progressé dans la partie est », explique le prélat (1).
Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de Guwahati en Assam, un Etat indien proche du Népal, a été chargé de mener cette préparation à la mission, en tant que président de la Commission pour l’Evangélisation de la Fédération des Conférences Episcopales d’Asie (FABC). Le prélat âgé de 72 ans, qui fait partie de nombreuses commissions et organismes au sein de l’Eglise, est connu pour son travail en faveur de la paix et du dialogue, y compris dans son archidiocèse où les conflits inter-tribaux et religieux sont endémiques. Il a été cette année chargé par le pape Benoit XVI d’écrire la méditation du Chemin de croix du Vendredi saint au Colisée, en union avec les chrétiens persécutés dans le monde et en particulier les victimes des violences antichrétiennes en Orissa des mois derniers (2).
Pendant ce séminaire de trois jours, Mgr Menamparampil a insisté tout particulièrement sur les dangers de la « safranisation » de la société, phénomène actuellement en pleine expansion dans le sous-continent indien, et qui s'appuie sur le système brahmanique des castes (3). Il a fait remarquer que malheureusement, les minorités religieuses commençaient à être touchées. Cependant, « les bouddhistes, les jaïns […], ainsi que les peuples aborigènes qui vivent dans la région sub-himalayenne, sont déterminés à préserver leur philosophie égalitaire en dépit des pressions exercées par le brahmanisme », a rappelé le prélat salésien. « Afin de sauver leur culture et leurs traditions, les communautés opprimées et les populations rurales cherchent un nouveau Moïse qui puisse les aider à redéfinir leur identité », a expliqué Mgr Menamparampil, ajoutant qu'il incombait aux chrétiens, bien qu’ils ne soient qu’une petite minorité au Népal, de mener ces communautés à « une nouvelle traversée de la Mer Rouge ».

Depuis l’instauration du nouveau régime maoïste il y a un an et les différentes tentatives de celui-ci pour séculariser la société népalaise, l’hindouisme sous sa forme extrémiste a fait un retour en force, bon nombre d'hindous s’estimant avoir été dépossédés de leurs prérogatives passées. En 2008, le NDA (Nepal Defence Army), une organisation paramilitaire hindoue, a attaqué des mosquées, menacé des églises et envoyé des déclarations télévisées indiquant que « de telles attaques allaient continuer jusqu’à ce que le Népal soit de nouveau une nation hindoue ». En juillet, le même groupe avait assassiné un prêtre salésien, le P. John Prakash, à Sirsiya.

Mgr Sharma avait à l’époque déclaré que le motif principal du meurtre avait été l’argent et non pas la religion, soulignant que l’Eglise au Népal « était en général bien considérée par la population » qui la voyait plutôt comme une organisation d’assistance. Au Népal, pays hindou à 86 %, l’Eglise catholique qui ne compte que 8 000 membres environ, dirige une trentaine d’écoles et collèges et de nombreux centres d’aide sociale (4).


(1) AsiaNews, 7 avril 2009.
(2) EDA 504. Mgr Menamparampil est entre autres, président de la Conférence régionale des évêques du Nord-Est de l’Inde, responsable de la Commission pour l’Education et la culture de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI) ainsi que membre de nombreuses commissions au sein du Vatican.
(3) Le jaune safran, couleur sacrée de l’hindouisme est traditionnellement celle du vêtement des brahmanes. Les partis en faveur d’une hindouisation de la société comme les organisations extrémistes du BJP ou du RSS, sont également appelés en Inde les « partis safran » (voir dépêche du 9 avril 2009 ).
(4) AED, 20 octobre 2008. AsiaNews, 7 avril 2009.

(Source: Eglises d'Asie, 10 avril 2009)