Le Dalaï Lama annonce qu’il a perdu tout espoir de négociation avec la Chine sur la question de l'autonomie du Tibet

Le 25 octobre dernier, depuis Dharamsala en Inde (1), le dalaï lama a, pour la première fois, exprimé son découragement vis à vis du gouvernement chinois: « J’ai sincèrement poursuivi, depuis longtemps, mon approche de la ‘ voie médiane ’ en ce qui concerne les rapports avec la Chine mais cela n’a donné lieu à aucune réponse positive de la part des Chinois. En ce qui me concerne, j’abandonne … » Ces propos recueillis par Le Monde (2), confirment les difficultés grandissantes entre les autorités de Pékin et le chef spirituel bouddhiste, exacerbées par les violences qui ont eu lieu au Tibet au printemps dernier et par les critiques essuyées par le gouvernement chinois de la part de la communauté internationale lors des Jeux Olympiques.

Cette déclaration intervient alors qu’une nouvelle rencontre, dont le lieu et la date n'étaient pas encore fixés, était prévue entre les autorités chinoises et le dalaï lama, après une réunion particulièrement désastreuse en juillet dernier où il était clairement apparu « que le gouvernement chinois ne souhaitait tout simplement pas régler la question. »

Le dalaï lama, âgé aujourd'hui de 73 ans, considère qu’il ne peut plus poursuivre ces négociations « sans espoir », qui ont commencé avec Pékin en 2002. Il envisage de réunir la communauté tibétaine en exil début novembre, afin de discuter de l’avenir et d’un éventuel changement de politique envers le gouvernement chinois.

Tenzin Taklha, son plus proche conseiller, l'a confirmé à l’AFP: « du fait de l’absence de réponse des Chinois, nous devons être réalistes, il n’y a pas d’espoir. Mais le mouvement tibétain restera non violent. C’est une dimension non négociable sur laquelle tout le monde est d’accord. »

En réponse à la déclaration du chef spirituel des Tibétains qui révèle un changement radical d’attitude, le gouvernement chinois a annoncé sobrement mercredi 29 octobre qu’il établirait des pourparlers avec les représentants du dalaï lama « dans un avenir proche », selon l’AFP.

En effet, alors que dans la région tibétaine annexée par la Chine en 1951, la répression continue, la déclaration du chef religieux bouddhiste risque de mettre à nouveau le feu aux poudres. Pour de nombreux Tibétains, l’aveu par le dalaï lama de l’échec de sa stratégie de médiation pourrait sous-entendre qu’il n’envisage plus de demander l’autonomie du Tibet mais son indépendance.

(1) Le gouvernement tibétain en exil est réfugié dans le nord de l’Inde à Dharamsala depuis 1959

(2) Le Monde, 27 octobre 2008

(Source: Eglises d’Asie, 29 octobre 2008)