SRI LANKA: L’archevêque de Colombo se plaint auprès du ministre de l’Education du contenu des manuels scolaires, diffamatoires envers l’Eglise catholique

Eglises d’Asie, 2 juillet 2010 – Le 24 juin dernier, recevant le ministre de l’Education, Bandula Gunawardana, en son archevêché de Colombo, Mgr Malcolm Ranjith s’est plaint auprès de lui du contenu des manuels scolaires en usage dans le pays. Selon le prélat, « les manuels d’histoire et de géographie et les programmes du ministère présentent des contenus diffamatoires pour l’Eglise catholique, le Saint-Père et les fidèles catholiques ».

Ce sont les manuels récemment mis en circulation qui sont en cause, a précisé Mgr Ranjith. A les lire, l’élève sri-lankais est amené à penser que le christianisme se confond avec l’Occident et que la religion chrétienne est un outil destiné à détruire la culture cinghalaise, majoritaire dans le pays. Il est expliqué que le message dont le Christ était porteur n’est plus à l’œuvre au sein de l’Eglise catholique et, au chapitre « Renouveau religieux », on comprend que le christianisme fait obstacle aux autres religions tandis que les institutions éducatives catholiques sont décrites comme des instruments au service de la propagation de la foi.

Selon le P. Ivan Perera, ce sont les plaintes répétées de nombreux professeurs d’histoire et de géographie, appuyées par celles de proviseurs d’écoles, qui ont décidé Mgr Ranjith à se saisir du sujet pour l’aborder avec le ministre. La réforme des manuels scolaires « est une tentative pour instiller des concepts parfaitement insultants et diffamatoires dans l’esprit des élèves », a affirmé l’archevêque à Bandula Gunawardana. Il a ajouté que cette affaire jetait le discrédit sur le gouvernement et qu’il était urgent que le ministère revoie le contenu des manuels en faisant appel à un comité de lecture interreligieux. Le ministre, qui a effectué une partie de sa scolarité dans un établissement catholique, le Roman Catholic College à Mawalgama, « s’est engagé auprès de l’archevêque à étudier l’affaire et à prendre les mesures nécessaires », a ajouté le P. Perera.

Pour les observateurs, la manière dont est présenté le catholicisme dans les manuels est tout sauf involontaire. Le parti présidentiel de Mahinda Rajapaksa, le Parti sri-lankais de la liberté (SLFP), a formé une alliance politique avec le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP, Front de libération du peuple), parti marxiste, et le Jathika Hela Urumaya (JHU, Parti de l’héritage national), parti bouddhiste extrémiste, autour du « Mahinda Chintanaya » (qui peut se traduire par ‘pensée, idéologie ou conscience de Mahinda’). Dans la course entre le JVP et le JHU à qui s’affichera le plus nationaliste ou patriotique pour défendre l’Etat unitaire cinghalais, le SLFP cultive une idéologie suprématiste cinghalaise qui s’exprime sans détour depuis la victoire militaire sur les Tigres tamouls. Dans ce contexte, l’Eglise catholique demeure l’une des rares institutions qui s’oppose à une vision essentiellement cinghalaise de l’Etat sri-lankais, la communauté chrétienne (7 % de la population de l’île) présentant la particularité d’être formée aussi bien de Tamouls que de Cinghalais.