VIETNAM: Les religieux bouddhistes du « Village des pruniers » ont été contraints de quitter la pagode qui leur avait donné asile et à se disperser

Un communiqué diffusé sur le site officiel de la communauté bouddhiste du « Village des pruniers » en a informé la presse dès le 30 décembre dernier (1): les derniers moines et nonnes de Bat Nha, encore sur place, ont quitté, mardi 29 décembre, la pagode Phuoc Huê, située dans la ville de Bao Lôc. C’est là qu’ils avaient trouvé refuge après leur expulsion, le 27 septembre, du monastère où, depuis plusieurs années, ils menaient leur vie religieuse. Récemment, un ultimatum leur avait été imposé, fixant au 31 décembre la date à laquelle ils devaient avoir quitté la pagode qui les avait accueillis.

Durant les journées des 10 et 11 décembre derniers, une foule composite d’hommes de main de la police avait envahi la pagode de Phuoc Huê, saccagé les locaux et forcé l’abbé à mettre un terme avant le 31 décembre à l’hospitalité qu’il avait accordée aux religieux. Depuis lors, la pression policière, accompagnée de menaces et de contrôles sur place, n’avait cessé de se faire sentir. Les policiers ont même procédé à une fouille de la pagode la nuit de Noël. De nouvelles attaques de la pagode étaient prévues pour le 31 décembre. Selon les confidences d’un jeune moine recueillies par un journaliste de Radio Free Asia (RFA) (2), la communauté aurait décidé de quitter les lieux principalement pour éviter de créer des embarras à l’abbé de la pagode qui les avaient accueillis.

Le communiqué, s’il déplore avec beaucoup de force la dissolution de la communauté, reste discret sur la destination des religieux ainsi dispersés. Il se contente d’affirmer que de nombreux monastères officiels avaient proposé d’accueillir les moines mais en avaient été empêchés par les autorités. Le titre de la dépêche officielle déclare seulement que les moines ont pris le chemin de la clandestinité. Le responsable de la pagode de Phuoc Huê interrogé par RFA au soir du 30 décembre, affirmait que la totalité des religieux s’en était allé mais qu’il ignorait absolument leur destination. L’un des religieux a expliqué que certains retourneraient dans leur famille, tandis que les autres chercheraient un asile provisoire dans une pagode. Une dépêche de l’AFP du 30 décembre mentionne comme destination possible un monastère de Huê où résideraient déjà quelques religieux du « Village des pruniers ». Une rumeur qui n’a pas été confirmée jusqu’à présent laisse entendre que certains des moines expulsés (une vingtaine) se trouveraient déjà en Thaïlande.

En tout cas, le maître de l’école bouddhique à laquelle appartiennent les religieux dispersés, le vénérable Thich Nhât Hanh, a confiance dans leur savoir-faire et se montre optimiste dans la lettre qu’il leur a envoyée après leur départ de Phuoc Huê. Il se dit persuadé que cette lettre leur parviendra à quelque endroit où ils se trouvent actuellement. Il affirme être convaincu que la formation qu’ils ont reçue leur permettra d’aller au bout de l’épreuve qui leur est imposée aujourd’hui, une épreuve qui ne saurait être que temporaire. Il informe également ses disciples des démarches entreprises par les religieux français auprès de l’Élysée pour que leur soit accordé un asile provisoire en France. Longuement, il dénonce l’attitude totalement injuste et amorale des autorités vietnamiennes à l’égard d’une communauté de religieux totalement innocents et respectueux des lois du pays (3). Il y voit un signe de la dégradation de la morale révolutionnaire qui animait autrefois les communistes.

(1) hutte://helminthologie/2009/12/persecuted
(2) Radio Free Asia, émissions vietnamiens du 30 décembre 2009.
(3) http://www.rfa.org/vietnamese/ReadersOpinions/Nhat-hanh-letter-to-prajna-monks-12302009120955.html

(Source: Eglises d'Asie, 5 janvier 2010)