Le 21 mars dernier, l’évêché du diocèse de Thanh Hoa a été le théâtre d’une manifestation particulièrement représentative de la sensibilité religieuse du catholicisme au Vietnam et plus particulièrement au Nord-Vietnam. Les dix diocèses de la province ecclésiastique de Hanoi y organisaient un concours destiné à désigner les meilleurs interprètes du « chant méditatif de la passion du Christ », en vietnamien « Ngam Dung » (littéralement ‘Contempler debout’).

Sur la proposition de l’évêque de Thanh Hoa, l’ensemble des diocèses du Nord se sont mis d’accord pour désigner une fois par an les meilleurs interprètes de cette pratique religieuse traditionnelle remontant au tout début du christianisme au Vietnam. Les responsables catholiques du Nord-Vietnam visent ainsi à sauvegarder et à diffuser largement cette expression remarquable de la piété populaire locale ( voir lien vidéo ).

Chanté le Vendredi saint, le « Ngam Dung » est en réalité une longue méditation psalmodiée sur les 15 stations de la Passion du Christ. Cette forme originale de liturgie s’est transmise de génération en génération depuis la première évangélisation. Elle associe la mémoire émue de la mort et de la résurrection du Christ aux harmonieuses sonorités et aux variations mélodiques de la musique populaire ainsi qu’au cérémonial traditionnel des manifestations collectives.

Comme l’a déclaré l’évêque du lieu, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, dans son discours de réception, les transformations fondamentales subies par la société vietnamienne au cours des dernières années risquaient de faire disparaître une tradition où la piété catholique s’était exprimée dans une forme culturelle aussi parfaite. En organisant ce concours des interprètes du chant méditatif de la passion du Christ, les responsables religieux tentent ainsi d’en assurer la conservation et le développement.

Avant le concours proprement dit, l’évêque de Hai Phong, Mgr Joseph Vu Van Thiên, a résumé pour l’assistance ce que l’on connaît aujourd’hui des origines de ce chant méditatif de la passion. Il en est fait mention peu après l’arrivée du P. Alexandre de Rhodes au Tonkin, en 1627. Dès le début, il a pris des formes différentes selon les régions, une diversité toujours présente aujourd’hui et que l’on a pu retrouver à travers les diverses interprétations entendues pendant le concours.

L’évêque a rappelé aussi que cette forme de la méditation de la passion du Christ a joué un grand rôle dans l’éducation catéchétique des chrétiens du Vietnam. Les réflexions de l’évêque de Hai Phong ont été prolongées ensuite par l’évêque émérite de Phu Cuong, Mgr Pierre Tran Dinh Tu, qui a également proposé des moyens pour conserver et faire vivre cet élément important de l’héritage culturel catholique au Vietnam.

Les dix-neuf candidats représentant les diocèses du Nord, se sont ensuite succédé sur la scène, interprétant chacun une partie du chant de la passion. On a pu remarquer les différences existant entre les traditions des diverses régions, des différences qui tenaient aussi au tempérament et aux qualités vocales des interprètes. En fin de compte, le jury a accordé deux premiers prix, l’un à Jean-Baptiste Tran Van Hai, du diocèse de Vinh, l’autre à Marie Nguyên Thi Toa, du diocèse de Thanh Hoa (1).

(1) Article adapté d’un compte-rendu paru, le 23 mars 2013, sur le site Internet du diocèse de Thanh Hoa.

(Source: Eglises d'Asie, 29 mars 2013)