Le 11 juin dernier, des représentants du pouvoir local, assistés d’hommes de main, ont grossièrement et brutalement empêché la célébration d’une eucharistie, dans une maison privée de la commune de Châu Binh, district de Quy Châu (province du Nghê An), sur le territoire du diocèse de Vinh. En outre, l’après-midi de la même journée, dans la même commune, des individus proches des autorités locales ont pénétré ...

... dans un autre domicile où ils ont passé à tabac et sérieusement blessé des catholiques qui avaient participé à cette messe. Une lettre, adressée dès le 16 juin par l’évêché de Vinh à diverses instances régionales, souligne que ces nouvelles brutalités policières viennent s’ajouter à celles déjà subies par d’autres communautés catholiques de la partie occidentale du Nghê An. Par cette lettre, l’évêché exige que toute la lumière soit faite sur les fautes commises et demande aux pouvoirs publics de mener une enquête afin de déterminer les responsabilités de chacun des acteurs de l’affaire.

Ce 11 juin, M. et Mme Nguyên Van Vi avaient invité la communauté catholique du doyenné de Phu Quy à venir inaugurer leur maison récemment construite. Une messe prévue à 7h00 du matin devait marquer le début de la fête. A l’heure dite, l’ensemble des prêtres du doyenné étaient présents ainsi que de très nombreux catholiques de la région. Mais à la même heure, d’autres personnalités, non prévues, étaient aussi sur place : des agents de la Sécurité publique de la commune et du district, des responsables de diverses associations officielles, dont le Front patriotique, la Ligue des femmes, etc. Les représentants des autorités déclarèrent d’abord que la messe n’avait pas été autorisée, puis multiplièrent les injonctions. Ils firent décrocher une banderole puis demandèrent de déplacer une statue de saint Antoine de Padoue. Malgré cela, l’assistance commença à prier tandis que les prêtres se préparaient à la célébration de l’eucharistie. Une coupure d’électricité survenue ensuite n’empêcha pas la célébration de se poursuivre. Mais bientôt une cinquantaine d’hommes inconnus s’introduisaient dans la maison, terrorisant l’assistance en photographiant et filmant les personnes présentes, et en jetant des œufs pourris sur l’autel. Les prêtres retirèrent alors leurs ornements liturgiques et après avoir demandé, en vain, aux autorités d’établir un procès-verbal des faits, ils quittèrent les lieux.

Pendant l’altercation, un couple de catholiques, M. et Mme Tran Van Luong, avaient vivement protesté contre le comportement des autorités. Dans l’après-midi, des jeunes appartenant à la famille d’un responsable local accompagnés d’autres personnes, pénétrèrent à leur domicile et les frappèrent férocement, ainsi que leur fils et plusieurs autres personnes ayant tenté d’intervenir. Au total, cinq personnes ont été blessées grièvement et conduites aux urgences de l’hôpital voisin.

La lettre de protestation envoyée par l’évêché de Vinh ne se contente pas de décrire les faits. Elle s’efforce de démontrer que le comportement des autorités vis-à-vis de la communauté catholique locale est en infraction avec les textes de loi sur la religion. Elle affirme en premier lieu que le nombre des catholiques de la commune de Châu Binh, où a eu lieu l’altercation, justifie la création d’une paroisse en ce lieu. En s’appuyant sur des dispositions législatives contenues dans l’Ordonnance sur la croyance et la religion de 2004, la lettre montre ensuite que M. et Mme Nguyên Van Vi avaient parfaitement le droit d’inviter chez eux des prêtres et des fidèles pour y prier et y faire célébrer la messe.

En conclusion, l’évêché de Vinh demande que les torts causés à la communauté catholique soient réparés, que les autorités régionales revoient leur politique à l’égard de la religion et que les catholiques de la commune de Châu Binh puissent fonder une paroisse le plus rapidement possible.

(Source: Eglisesd’Asie, 19 juin 2012 )