Le 16 septembre prochain, trois diacres laotiens seront ordonnés prêtres en la cathédrale Saint-Louis de Thakhek, pour le vicariat apostolique de Luang Prabang : Paul Lattana Sunthon, Augustin Saegna Sii Bunti et Michel Kanthak Vilae Luong Di.

Située sur les rives du Mékong, à la frontière de la Thaïlande, Thakhek est la capitale de la province de Khammouane et le siège du vicariat de Savannakhet, où se concentre la majeure partie de la petite minorité catholique du pays, composée essentiellement de Vietnamiens et d’autres ethnies minoritaires. C’est dans cette ville frontalière de la Thaïlande, qu’ont été formés les trois diacres laotiens, à l’Institut Saint-Jean-Marie-Vianney, l’unique grand séminaire du Laos. Actuellement, une vingtaine de jeunes se forment à la prêtrise, durant un cycle de sept ans (trois ans de philosophie et quatre années de théologie), malgré de modestes moyens, un manque récurrent de formateurs et une marge de manœuvre étroite avec les autorités communistes du pays.

La joie discrète d’une Eglise renaissante

« Nous constatons, avec ferveur, que le pays s’ouvre davantage et que nous bénéficions de cette nouvelle approche. Nous espérons pouvoir renforcer une coopération profitable avec les autorités civiles, pour le bien de l’Eglise et du peuple du Laos. Nous sommes certains que nous aurons des hôtes lors des célébrations », a déclaré à l’agence Fides, Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, vicaire apostolique de Paksé, en commentant l’accord donné par les autorités gouvernementales pour célébrer ces trois ordinations sacerdotales. Les trois évêques des vicariats apostoliques de Vientiane, Luang Prabang et Savannaketh, sont d’ailleurs annoncés comme faisant partie des personnalités présentes à Thakhek, le 16 septembre prochain.

Une messe de béatification laotienne pour les martyrs du Laos

Deuxième grande joie pour l’Eglise du Laos, celle de l’accord officiel donné par les autorités politiques du Laos de célébrer, le 11 décembre prochain, à Vientiane, la messe de béatification de 17 martyrs – prêtres, religieux et laïcs – ayant été tués entre 1954 et 1970, au Laos. Une première pour l’Eglise catholique puisqu’elle va réussir à béatifier des martyrs en plein pays communiste et avec l’accord des autorités en place.

Selon les propres termes des évêques laotiens, la béatification des martyrs du Laos contribuera à l’édification de l’Eglise dans leur pays, elle qui « reste une jeune plante bien fragile ayant besoin de ‘tuteurs’, d’appuis surnaturels solides », pour avancer dans un environnement souvent hostile. L’Eglise pourra ainsi puiser dans l’histoire de ses martyrs « un fondement solide pour sa croissance et sa vie quotidienne complexe », soulignent-ils.

Selon des sources officielles, la cérémonie de béatification sera présidée par le cardinal Orlando Quevedo, archevêque philippin de Cotabato, envoyé du pape François. Si les évêques assument les risques de l’organisation d’un tel événement, ils souhaitent néanmoins limiter au maximum la venue sur place d’étrangers, afin de ne pas provoquer les autorités laotiennes.

Une Eglise sous étroite surveillance

Depuis 1975, date de la prise du pouvoir des communistes et de l’expulsion des missionnaires du pays, l’Eglise catholique se trouve en effet sous étroite surveillance du gouvernement. Les déplacements des membres du clergé ou la construction de lieux de culte sont soumis à l’autorisation des autorités locales ou régionales. Bien que la liberté religieuse soit inscrite dans la Constitution du pays, les autorités de chacune des provinces restent libres d’appliquer ou non la liberté religieuse sur leurs territoires, ce qui n’a pas manquer de susciter certaines vagues de répressions antichrétiennes, notamment au nord du pays, dans le vicariat apostolique de Luang Prabang, avec la mise en place d’une censure religieuse.

Une petite centaine de paroisses pour quatre vicariats apostoliques

Dans ce pays majoritairement bouddhiste (66 % de la population), où l’animisme a son importance (20 % des Laotiens sont animistes), les catholiques du Laos représentent moins de 1 % des presque sept millions d’habitants de cette nation enclavée. La pratique chrétienne continue d’être perçue avec suspicion par les autorités. Les ministres du culte sont sous étroite surveillance, avec un degré de contrôle ayant tendance à s’accentuer davantage au nord.

L’Eglise catholique compte une centaine de paroisses réparties dans quatre vicariats apostoliques : Luang Prabang, au nord, Vientiane, Savannakhet qui rassemble une bonne partie de la minorité catholique, et Paksé, au sud du pays.

L’ouverture du Laos, une réalité ou une façade?

Autre événement soulignant une relative ouverture du Laos, celui de l’accueil à Vientiane, du 6 au 8 septembre dernier, du sommet de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), auquel a participé le président américain. Une visite historique, Barack Obama étant le premier président américain à se rendre au Laos depuis la guerre du Vietnam des années 1960-1970, période pendant laquelle les Etats-Unis ont mené une guerre « secrète » et des bombardements massifs contre les positions des soldats nord-vietnamiens, infiltrés au Laos aux côtés des communistes laotiens.

Entouré de puissants voisins politiques et économiques (Chine, Thaïlande et Vietnam), le Laos semble sortir peu à peu de la pauvreté et de son isolement, pour devenir un acteur économique de la région, avec un taux de croissance annuel supérieur à 7 % depuis dix ans. Profitant entre autres du dynamisme régional, le Laos arrive à attirer des investisseurs étrangers dans les secteurs clés de l’énergie et des mines, notamment la Chine, devenu le premier pays investisseur dans le pays et qui tire la croissance du Laos. Malgré un léger ralentissement économique, le taux de croissance du Laos de 6,4 % en 2015, le place au premier rang des économies les plus dynamiques de l’ASEAN, depuis la crise financière de 2007-2008.

(Source: Eglises d'Asie, le 13 septembre 2016)