Depuis la fin des années 1980, les conditions imposées par le gouvernement pour les entrées au grand séminaire et les ordinations sacerdotales ont beaucoup varié. Dans la pratique, elles se sont fortement libéralisées, mais, ce faisant, elles ont pris des formes différentes selon les régions. De plus, les dispositions prises en ce domaine par l’Ordonnance sur les croyances et la religion de 2004 et les décrets d’application qui ont suivi étaient nettement en deçà de la pratique concrète à l’époque de la parution de ce texte législatif. C’est sans doute pour remédier à ce flou législatif, que, le 20 mars dernier, le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses a organisé un entretien avec le vice-président que la Conférence épiscopale, Mgr Hoang Van Dat, évêque de Bac Ninh. Les fonctionnaires du service législatif des Affaires religieuses ont exprimé le désir d’unifier et de simplifier les formalités administratives exigées pour l’entrée au grand séminaire et pour l’ordination des prêtres.

Dans une lettre adressée aux membres de la Conférence épiscopale et rendue publique le 27 mars dernier par Vietcatholic News, sous le titre « Eclaircissements sur les formalités administratives et sociales concernant l’entrée au grand séminaire et l’ordination des prêtres », l’évêque de Bac Ninh fait un rapport très précis de l’ensemble des dispositions législatives qui lui ont été communiquées. Dans sa lettre, il a même conservé le vocabulaire et le style propres aux fonctionnaires du Bureau des Affaires religieuses.

Les premières directives sont relatives à l’entrée au grand séminaire. Les jeunes gens, affirment-elles, entrent au séminaire en toute liberté, mais le grand séminaire est responsable de leur conformité aux normes gouvernementales : « Les séminaristes n’ont aucune formalité administrative ou sociale à accomplir, à l’exception de celles qui sont exigées du grand séminaire lui-même. Seul le grand séminaire est responsable de l’accomplissement des formalités administratives. Comme tous les autres étudiants, les séminaristes sont libres de mener leurs études au grand séminaire à condition qu’ils jouissent de tous leurs droits civiques et qu’ils appliquent scrupuleusement la loi. (…) Pour procéder au recrutement, la direction de la maison de formation doit envoyer un rapport signalant le nombre de personnes recrutées à l’organe d’Etat compétent dans le domaine religieux. (…) ».

Viennent ensuite les dispositions concernant l’ordination des prêtres. Celle-ci est laissée à la libre initiative des évêques qui doivent faire enregistrer les nouveaux prêtres et en sont responsables devant l’Etat. « L’ordination des prêtres dépend totalement de la libre initiative des évêques qui doivent se conformer au droit canon. Les évêchés et les congrégations doivent seulement envoyer une demande d’enregistrement au Comité populaire provincial de la région où le prêtre nouvellement ordonné résidera pour exercer ses activités religieuses. (…) »

Les directives suivantes se réfèrent directement à l’Ordonnance sur les croyances et la religion : « Les ordinations et les consécrations religieuses sont effectuées conformément à la « charte » et à la réglementation propres aux organisations religieuses. (…)
Pour être reconnues par l’Etat, les personnes ordonnées doivent répondre aux conditions suivantes :

- être citoyen vietnamien et être de bonne moralité ;
- être animé par l’esprit d’union et de concorde nationale ;
- appliquer strictement la loi.

L’organisation religieuse à la responsabilité d’envoyer une demande d’enregistrement de la personne ordonnée à l’organe administratif d’Etat compétent. (…)
La demande d’enregistrement de l’organisation religieuse doit indiquer clairement le nom de famille et le nom personnel, le grade hiérarchique, la fonction, le territoire dont il est chargé, la description sommaire des activités religieuses effectuées par la personne dont on demande l’enregistrement. (…). Si, dans les dix jours ouvrables après l’envoi de la demande d’enregistrement, le Comité populaire provincial n’a pas fait connaître son opinion, la personne ordonnée peut alors exercer des fonctions pour lesquelles elle a été enregistrée. »

Depuis l’accession au pouvoir du Parti communiste vietnamien, les responsables de la politique religieuse ont toujours porté un grand intérêt aux prêtres et à leur rôle au sein de la population. Dans les années 1980, un document secret intitulé « Notre tâche à l’égard de l’Eglise catholique » affirmait même que l’Eglise catholique était composée de prêtres, et uniquement de prêtres sans qu’il soit fait mention des laïcs (1). Des romans publiés au Nord avant 1975 et approuvés par la censure avaient pris des jeunes prêtres comme personnages principaux (2). Les différents décrets, arrêtés et ordonnances qui ont ensuite réglementé l’exercice de la liberté religieuse ont toujours pris soin de contrôler sa formation ainsi que l’exercice de son ministère. Les récentes directives montrent que cet intérêt pour l’exercice de la fonction sacerdotale ne s’est en rien démenti. (eda/jm)

(1) Voir Jean Maïs, « Un document du P.C. vietnamien concernant l’Eglise catholique » dans Echange France-Asie, n° 72.
(2) Voir Jean Maïs, « Vietnam : une image du prêtre dans la littérature contemporaine de la République socialiste du Vietnam » dans Echange France-Asie, n° 40.

(Source: Eglises d'Asie, le 2 avril 2014)