L’arrestation, le 27 juin 2013, des deux catholiques Ngô Van Khoi et Nguyên Van Hai, deux catholiques de la paroisse de My Yên, dans le diocèse de Vinh, avait déclenché ce que l’on a appelé au Vietnam « l’affaire de My Yên ». Ils ont été libérés, le 22 décembre 2013, après six mois de détention. Ils avaient été condamnés, le 23 octobre dernier, à l’issue d’un procès éclair, l’un à six mois de prison, l’autre à sept mois.

Le jour même de leur libération, leurs voisins et de très nombreux amis venus de partout leur ont exprimé leur sympathie et leur joie. Pour leur part, les deux anciens prisonniers ont dit leur reconnaissance pour la lutte menée et les sacrifices consentis en leur faveur par la paroisse tout entière, par leur diocèse et, tout particulièrement, par leur évêque.

« Nous ne saurions dire l’émotion que nous avons éprouvée en apprenant le soutien apporté à notre cause par notre évêque, nos prêtres et aussi par nos compatriotes vietnamiens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays… », ont-ils déclaré une fois libérés.

Le 24 décembre, l’évêque de Vinh, Mgr Paul Nguyên Thai Hop, qui s’était beaucoup impliqué dans la campagne menée pour leur libération, est venu présider une messe d’action de grâces dans l’église paroissiale. Plus de 5 000 personnes y participaient. Les deux prisonniers nouvellement libérés se sont exprimés au cours de l’eucharistie pour renouveler l’expression de leur reconnaissance, particulièrement à l’égard de l’évêque, qui, en raison de son engagement, avait dû subir les calomnies publiées dans la presse officielle et diffusées à la radio et à la télévision.

Les premiers événements à l’origine de l’affaire de My Yên s’étaient produits le 22 mai 2013. Un certain nombre de paroissiens de My Yên se rendant en voiture au sanctuaire Saint-Antoine, non loin de la paroisse, furent arrêtés sur la route par des inconnus exigeant de contrôler leurs papiers et de fouiller leur voiture. Une querelle s’ensuivit et les deux parties en étaient venues aux mains. Les paroissiens découvrirent alors que les inconnus n’étaient autres que des policiers en civil. Il fallut une intervention de l’évêque pour que les esprits se calment.

Les deux catholiques récemment libérés, soupçonnés d’avoir été mêlés à cette altercation, avaient été secrètement appréhendés par la police le 27 juin dernier, le premier alors qu’il se rendait au mariage de l’un de ses proches, le second tandis qu’il amenait son enfant consulter le médecin. Pendant une semaine, les familles s’inquiétèrent de leur disparition sans que les autorités ne leur communiquent d’information. La Sécurité les avait finalement avertis qu’une instruction judiciaire était ouverte contre eux pour « troubles à l’ordre public ».

Selon les témoignages de la communauté catholique locale, les deux hommes appréhendés en juin dernier n’étaient que peu impliqués dans les événements du mois de mai. Leur arrestation avait beaucoup choqué la population catholique. Celle-ci multiplia les demandes de libération et les interventions collectives auprès des différents échelons du pouvoir local.

Dans l’après-midi du 3 septembre 2013, le président du Comité populaire communal s’était engagé à libérer les deux paroissiens le lendemain. Mais, le 4 septembre, les catholiques venus récupérer les deux prisonniers se trouvèrent face à une troupe de policiers, de militaires et d’hommes de main. L’ensemble de ces forces ainsi rassemblées se jeta sur le groupe des paroissiens, les matraquant et laissant trente d’entre eux à terre, grièvement blessés.

Dans les jours qui suivirent, le chancelier de l’évêché puis l’évêque publièrent des communiqués vigoureux, dénonçant le piège tendu par les autorités contre des catholiques venus protester pacifiquement et la force brutale déployée contre eux. (eda/jm)

(Source: Eglises d'Asie, le 6 janvier 2014)