Depuis la fin de l’année dernière, le flux des Montagnards (surtout des Jarai) franchissant la frontière du Cambodge pour venir demander asile aux représentants du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies a grossi d’une manière significative. Selon des comptes-rendus des reporters de Radio Free Asia (1), on a compté plus de 70 Montagnards ayant franchi la frontière pour le seul mois de janvier. Les chiffres du mois de février sont eux aussi importants.

Cependant, les efforts déployés par les habitants des Hauts Plateaux ont échoué en partie à cause des autorités centrales et régionales du Cambodge. Celles-ci continuent d’arrêter les Montagnards vietnamiens et les remettent directement entre les mains des autorités policières de leur pays.

Selon le représentant de l’association de défense des droits de l’homme Adhoc pour la province de Ratanakiri (Cambodge), depuis le début de l’année, la police locale s’est lancé à la poursuite des demandeurs d’asile et de tous ceux qui les protègent, en particulier les membres d’un groupe Jarai de nationalité cambodgienne qui leur vient en aide. A plusieurs reprises, les maisons d’un village Jarai ont été cernées et fouillées, soupçonnées d’abriter des Montagnards vietnamiens appartenant à la même minorité ethnique.

Plusieurs fois, les autorités cambodgiennes ont fait savoir le peu de sympathie qu’elles portent à la cause des Montagnards du Centre-Vietnam. Le 10 février 2015, le ministre de l’Intérieur, Sar Khang, a déclaré que même si les demandeurs d’asile recevaient une promesse d’installation dans un pays tiers, il ne serait pas construit de camps d’hébergement pour eux. Pour sa part, le porte-parole du gouvernement cambodgien a affirmé que son pays ne permettrait à personne d’utiliser le territoire national pour y mener des opérations politiques. A cette argumentation, les Montagnards expliquent qu’ils quittent leur pays parce qu’ils ne peuvent plus supporter les pressions exercées contre eux.

Selon les dernières nouvelles datées de ces jours-ci, la mauvaise volonté des autorités cambodgiennes ne semble pas avoir fait diminuer le nombre des Montagnards chercheurs d’asile. Selon un témoignage recueilli par les journalistes de Radio Free Asia, dans la nuit du 25 au 26 février 2015, 36 nouveaux Montagnards, guidés par un Jarai de nationalité cambodgienne, ont été transportés en voiture sur la route nationale 784 en direction de Phnom Penh. C’est là qu’ils ont été arrêtés par la police. Selon le représentant de l’association Adhoc, l’ensemble des 36 personnes a été ramené au Vietnam aux environs de 3 heures du matin le 26 février 2015. Le guide de nationalité cambodgienne a été arrêté par la police locale.

La fuite des Montagnards vers le Cambodge à la recherche d’un asile auprès du Haut Commissariat aux réfugiés a débuté après le premier soulèvement de 2001, la répression et les procès qui suivirent. Un millier de ces demandeurs d’asile avaient été ensuite admis dans un pays d’asile définitif, la plupart aux Etats-Unis.

Après le second soulèvement du week-end pascal 2004 et la violente répression qu’il avait entraînée, un même mouvement d’exode s’était déclenché, fort mal considéré aussi bien par les autorités vietnamiennes que cambodgiennes. Les chiffres précis de la totalité des Montagnards des Hauts Plateaux ayant franchi la frontière depuis avril 2004 ne sont pas disponibles. Des accords tripartites signés en janvier 2005 entre le Haut Commissariat, le Vietnam et le Cambodge prévoient la possibilité pour les Montagnards de revenir volontairement dans leur pays. Environ 700 Montagnards du second exode avaient choisi de s’établir dans un tiers pays, généralement aux Etats-Unis. D’autres pays, comme les pays scandinaves et l’Australie ont également accueilli un certain nombre de réfugiés montagnards. Ces derniers temps, les autorités cambodgiennes imposent de plus en plus de résistance aux demandes des Nations Unies de déterminer les authentiques demandeurs d’asile, en fonction de leurs critères habituels. (eda/jm)

(1) Voir Radio Rree Asia, émissions en langue vietnamienne du 26 février 2015 et du 1er mars 2015.

(Source: Eglises d'Asie, le 2 mars 2015)