L’ensemble de la presse officielle (1) et indépendante a diffusé la nouvelle dans l’après-midi du 7 février: les deux principaux responsables de l’opération policière qui a dépouillé Doan Van Vuon de son exploitation et de sa maison familiale le 5 janvier dernier, ont été limogés (2).

Dans une conférence de presse tenue hier dans la matinée du 7 février, le secrétaire de la section du Parti communiste de Haiphong a annoncé qu’il avait décidé de suspendre de leurs fonctions le président et le vice-président du Comité populaire du district de Tien Lang, lieu où se sont déroulés les faits. Cette décision a été prise à la suite d’un rapport rédigé par le Bureau permanent de la section du Parti communiste de Haiphong à l’intention des instances supérieures, le Bureau politique du Comité central. Selon les dires du responsable communiste de la ville de Haiphong, le rapport aurait aussi épinglé un certain nombre d’autres dirigeants du district: le directeur de la Sécurité publique, le secrétaire de la section du Parti et le président du Comité populaire de la commune.

Le secrétaire de la section du Parti communiste de Haiphong a ensuite relevé cinq erreurs et infractions commises dans cette affaire par les autorités locales. Il leur est reproché tout d’abord de n’avoir présenté à la victime aucun projet concernant l’utilisation du terrain confisqué, ni aucun contrat d’indemnisation. Le signataire de l’ordre de récupération forcée de l’exploitation s’est également rendu coupable de n’avoir entamé aucun dialogue avec Doan Van Vuon. Quant à la destruction de la maison personnelle de la victime, elle constitue une faute lourde. Enfin, le choix de la période des fêtes du Nouvel An (année du Dragon) pour mener cette opération a fait très mauvaise impression sur la population.

Le revirement des hauts dirigeants de la ville de Haiphong a été complet. Après la journée du 5 janvier au cours de laquelle l’élevage de poissons et crustacés de Doan Van Vuon avait été confisqué et sa maison détruite, les pouvoirs publics de Haiphong avaient soutenu et justifié totalement l’initiative de leurs subordonnés du district de Tiên Lang, allant jusqu’à dire que la maison avait été abattue non par leurs hommes mais par une foule en colère. Mais depuis que les hautes instances du Parti ont décidé de traiter le problème elles-mêmes, face à l’indignation générale de la population, l’attitude des autorités locales a changé radicalement. Il est également à noter que, du moins dans la version que présentent les médias officiels, rien n’est dit au sujet de l’exploitant spolié, Doan Van Vuon, qu’il s’agisse de sa culpabilité ou de son innocence.

(1) Voir par exemple Tuoi Tre du 7 février 2012: http://tuoitre.vn/Chinh-tri-Xa-hoi/476550/Dinh-chi-cong-tac-lanh-dao huyen-Tien-Lang.html
(2) Concernant la chronologie de l’affaire, voir les dépêches EDA du 17 janvier 2012: http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/vietnam/l2019eveque-de-haiphong-vient-au-secours-d2019un-catholique-spolie-de-son-exploitation, 25 janvier 2012: http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/vietnam/les-habitants-de-la-commune-ou-s2019est-deroulee-la-confiscation-de-terres-du-5-janvier-dernier-signent-une-plainte-mettant-en-cause-les-propos-calomnieux-des-dirigeants-provinciaux et 3 février 2012: http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/vietnam/le-premier-ministre-va-presider-une-reunion-au-plus-haut-niveau-destinee-a-trouver-une-solution-a-l2019affaire-de-la-recuperation-forcee-du-terrain-de-m.-vuon-et-de-sa-famille

(Source: Eglises d'Asie, 8 février 2012)