Mardi 7 décembre, un groupe d’hindouistes a attaqué un collège dirigé par l’Eglise syro-malankare (orthodoxe), en représailles aux sanctions disciplinaires décrétées par l’établissement à l’encontre de trois de ses élèves.

Selon une information diffusée par l’agence Ucanews (1), le groupe a pénétré de force dans l’établissement secondaire St-Mary à Jabalpur, dans l’Etat du Madhya Pradesh,. ..

... scandant des slogans antichrétiens, et a détruit une représentation de la Vierge Marie, avant d’être arrêté par la direction de l’établissement. Un autre groupe d’une cinquantaine de jeunes s’est alors joint à celui déjà présent dans l’école, afin de menacer et d’intimider l’administration du collège.

Selon les premiers éléments de l’enquête de police et les témoins, les assaillants appartiendraient à la branche jeunesse du BJP (Bharatiya Janata Party, Parti du peuple indien), souvent mandatée par le parti pour les opérations de force.

Le P. K. J. Louis, principal de St-Mary, a expliqué que les militants hindouistes avaient justifié leur action par la punition qui avait été infligée à trois élèves pour indiscipline. Pourtant, précise-t-il, ces sanctions avaient été prises après avoir demandé et obtenu le consentement des parents. Les trois élèves en question avaient été suspendus dix jours en novembre dernier, après avoir été surpris en train d’allumer des pétards dans l’enceinte de l’établissement.

Mgr Almeida, évêque catholique de Jabalpur, a condamné l’incident qui, selon lui, est à replacer dans le cadre d’une plus vaste campagne de haine antichrétienne qui sévit dans l’Etat depuis l’arrivée au pouvoir il y a sept ans, du BJP, vitrine politique de l’extrémisme hindou. Au Madhya Pradesh, les chrétiens représentent moins de 1 % d’une population hindoue à plus de 90 % et fortement influencée par les concepts théocratiques du BJP. Lors des violences antichrétiennes de 2008, l’Etat du Madhya Pradesh avait été le théâtre de nombreuses attaques et destructions de lieux de culte chrétiens, toutes confessions confondues, par des hindouistes.

Outre les incidents liés à l’utilisation abusive de la loi anti-blasphème appliquée dans l’Etat, les écoles appartenant à des minorités religieuses sont particulièrement ciblées par les extrémistes hindous. Des tentatives répétées du gouvernement pour imposer l’hindouisme, au sein même des établissements privés, ont dû également être contrecarrées ces dernières années par les Eglises et les autres minorités.

En 2007, chrétiens et musulmans se sont ainsi unis pour empêcher la promulgation d’une loi qui rendrait obligatoire le culte du soleil dans toutes les écoles. Chaque directeur d’établissement privé avait reçu un courrier du ministère de l’Education, menaçant de lui retirer son agrément officiel s’il n’incluait pas dans son programme scolaire « la salutation au soleil » (surya namaskar) quotidienne. La Haute Cour de l’Etat avait finalement statué sur le caractère non obligatoire de cette directive ministérielle, qui émanait du BJP et devait entrer en vigueur en janvier 2007.

Quelques mois auparavant, c’était cette fois un « hymne national » que les autorités de l’Etat avaient tenté d’imposer dans toutes les institutions d’enseignement. Le Vande Mataram (‘L’obéissance à la Mère Patrie’) était en réalité un chant du Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS), fer du lance du Sangh Parivar, la mouvance réunissant les partis hindous extrémistes.

Après les événements du 7 décembre, la police a été chargée d’assurer la protection du collège St-Mary à Jabalpur afin d’éviter toute nouvelle agression. Très réputé dans l’Etat pour son enseignement, l’établissement de l’Eglise syro-malankare accueille aujourd’hui quelque 2 500 élèves.

(1) Ucanews, 8 décembre 2010.

(2) Voir EDA 456

(Source: Eglises d'Asie, 8 décembre 2010)