Sur les hauts plateaux du centre du pays comme dans les régions montagneuses du Nord-Ouest, les autorités civiles regardent encore d’un œil soupçonneux les manifestations religieuses et, d’une manière générale, rendent très difficile la naissance de nouvelles communautés. Un incident survenu dimanche dernier, le 7 novembre 2010, dans le diocèse de Kontum, est venu illustrer cette attitude.

L’évêque du diocèse, Mgr Michel Hoanh Duc Oanh, a été directement empêché d’accomplir son ministère pastoral dans une région du diocèse où l’attendaient de nombreux chrétiens toujours sans lieux de culte et sans prêtre. Le récit de cette tournée de l’évêque par un fidèle de la commune de Son Lang a été mis en ligne sur un certain nombre de sites Internet indépendants (1).

La région que l’évêque avait projeté de visiter, ce dimanche 7 novembre, est formée de deux districts isolés de la province de Gia Lai, à savoir Kon Kro et K’Bang. Elle est encore totalement dépourvue de lieux de culte et d’établissements religieux. Il était prévu que l’ordinaire du diocèse se rende dans plusieurs villages pour y prendre contact avec les divers groupes de chrétiens. Dans le district de Kon Kro, il a célébré une première messe dans la commune de Yang Trung. Mais les agents de la Sécurité publique l’attendaient au sortir de la célébration pour le morigéner. Il fut même menacé d’être arrêté s’il procédait à une nouvelle célébration. Selon le témoignage du paroissien, il avait déjà reçu une communication officielle lui interdisant de célébrer la messe à cet endroit, mais les nécessités pastorales avaient conduit l’évêque à passer outre.

Un peu plus tard dans le même district, l’évêque s’est arrêté à la commune de An Trung. Cette fois-ci, à l’issue de la messe, un cadre de la Sécurité vint le rencontrer et dressa un procès-verbal que l’évêque signa de bonne grâce. Dans l’après-midi, Mgr Oanh se rendit à motocyclette dans la commune de Son Lang (district de K’Bang). Parvenu à environ un kilomètre de sa destination, il se retrouva en face d’une troupe de 40 à 50 personnes (2), des hommes de main de la police, menaçants et armés de matraques. Ces derniers ont empêché l’évêque de continuer sa route. Les catholiques du village furent également empêchés de venir à sa rencontre… Il était 4 heures de l’après-midi, la pluie tombait à verse et la troupe d’hommes de main de la police restait toujours aussi agressive. L’évêque se résigna alors à rebrousser chemin. Vers 10 heures du soir, il était de retour à Pleiku, chef-lieu de la province.

L’auteur de ce récit fait remarquer, en premier lieu, qu’en interrompant la visite pastorale de l’évêque, les autorités civiles ont violé le droit de tout citoyen à se déplacer librement. Il souligne ensuite que visiter l’ensemble de son diocèse est un devoir assigné à l’évêque par son Eglise. En reconnaissant officiellement l’Eglise catholique, l’Etat vietnamien a légitimé les obligations que cette dernière demande à ses évêques.

(1) Voir par exemple http://www.vietcatholic.net/News/Html/85101.htm

(2) Dans le jargon de la police, ces groupes sont appelés « foules qui manifestent spontanément ».

(Source: Eglises d'Asie, 9 novembre 2010)