Eglises d’Asie, 23 juin 2010 – Lundi 21 juin dernier, la secrétaire d’Etat à l’Education, Mona Valisno, a déclaré que le gouvernement reportait le programme d’éducation sexuelle qui devait être testé dans 80 écoles élémentaires à partir de la classe de CM2 (fifth grade) et 79 collèges, jusqu’à ce que des consultations avec les évêques catholiques du pays débouchent sur un accord. « Nous avons décidé de suspendre l’enseignement du module d’éducation sexuelle dans l’attente d’une décision finale de la consultation », a précisé la secrétaire d’Etat (1).

Le projet, qui devait démarrer à la rentrée scolaire prochaine, rencontre une forte opposition de la part de la population catholique très majoritaire du pays, et en particulier au sein de l’épiscopat (2). Mona Valisno a déclaré que le ministère de l’Education était prêt à modifier les contenus du programme si ceux-ci entraient en contradiction avec les valeurs chrétiennes. Elle a également tenu à souligner que cette décision n’avait rien à voir avec l’action en justice présentée en nom collectif ce même lundi 21 juin par une avocate travaillant pour la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP).

En effet, le 21 juin, Maître Jo Aurea Imbong a déposé au nom de trente « parents d’élèves en colère », devant la Cour de justice de Quezon City, une demande de suspension provisoire du projet d’éducation sexuelle, arguant du fait que ce programme représentait une violation du droit des parents à inculquer leurs valeurs à leurs enfants (3). La plainte de 28 pages accuse également la secrétaire d’Etat à l’Education et son sous-secrétaire, Ramon Bacani, de faire la promotion des directives gouvernementales concernant le planning familial, la santé reproductive et le développement démographique, par le biais de l’enseignement de matières telles que les mathématiques, les sciences ou encore l’anglais.

Il s’agit « d’une attaque de l’éthique et des valeurs morales des jeunes » et cela encourage le flirt et les relations sexuelles, affirme encore Maître Imbong. « Le but est clairement de transformer les comportements et principes moraux des jeunes, à partir d’un modèle venant de l’étranger. » L’avocat demande en conséquence à la Cour de déclarer que le Mémorandum n° 26 du ministère de l’Education comprenant les programmes d’éducation sexuelle est irrecevable au plan constitutionnel en raison de fondements « contraires à la famille et à la vie ».

La CBCP a décidé de faire appel à un avocat, après l’annonce la semaine dernière par le ministère de l’Education des Philippines de la décision de lancer le programme expérimental dès la rentrée, alors qu’il venait tout juste de s’engager à consulter les évêques catholiques sur le sujet avant toute application du projet (4).

De son côté, le président de la Commission pour la famille et la vie de la CBCP, Mgr Paciano Aniceto, a appelé le président Benigno Aquino III (qui prendra ses fonctions officiellement le 30 juin), à mettre un point final fin au projet dès qu’il accèdera à la présidence. Benigno Aquino « est responsable de l’évolution spirituelle, intellectuelle et physique de son peuple », a affirmé l’archevêque de San Fernando, qui a réitéré sa conviction que seuls les parents étaient habilités à parler de sexualité à leurs enfants.

(1) Ucanews, 22 juin 2010.
(2) Voir EDA 531
(3) Ucanews, 21 juin 2010.
(4) Ucanews, 15 juin. Voir également EDA 531

(Source: Eglises d'Asie, 23 juin 2010)