VIETNAM: Le vice-président de la Conférence épiscopale se réjouit de l’expression des différences dans la communauté du peuple de Dieu

Eglises d’Asie, 10 mai 2010 – Mgr Pierre Nguyên Van Nhon, accueilli le 7 mai dernier dans la cathédrale de Hanoi en tant qu’archevêque coadjuteur (1), est le président de la Conférence épiscopale du Vietnam. Celui qui le recevait, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, en est le secrétaire. Il revenait donc à Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, le vice-président, de souhaiter la bienvenue au nouvel archevêque au nom de l’ensemble des évêques du Vietnam.

Les propos de Mgr Linh ont surpris par leur réalisme et leur franchise mais ils ont été finalement accueillis avec beaucoup d’intérêt et ont même suscité une certaine reconnaissance chez ceux qui avaient mis en cause le bien-fondé de la nomination de l’archevêque coadjuteur. Au début de la messe, Mgr Kiêt, présentant l’archevêque coadjuteur, avait insisté sur la communion qui unissait le pasteur et ses brebis. C’était le thème de l’obéissance qu’avait choisie Mgr Nhon pour répondre aux paroles de bienvenue et pour commenter les lectures du jour. Quant à Mgr Linh, il aura à la fin de la messe, abordé l’événement du jour d’un point de vue totalement différent, mais finalement complémentaire.

Dès le début, sans fioritures et avec une certaine brusquerie, l’allocution du vice-président de la Conférence épiscopale a abordé de front le problème posé à la communauté catholique de Hanoi par la nouvelle nomination. L’évêque a mis en pleine lumière les divergences qui s’étaient manifestées à cette occasion dans la communauté catholique: « On ne peut nier que cette nomination a provoqué un certain nombre de contestations, ces derniers jours. Certains, avec pessimisme, considèrent qu’il s’agit d’une erreur du Saint-Siège et du signe d’une Conférence épiscopale divisée et troublée… Que cela serait même un triste épisode de l’histoire de l’Eglise du Vietnam et plus particulièrement de l’archidiocèse de Hanoi. »

Mais l’évêque du diocèse de Thanh Hoa refuse de s’attrister et continue: « En prenant le parti de l’optimisme, nous pouvons tirer des conclusions positives de cet événement. La première est que toutes les composantes du peuple de Dieu ont eu l’occasion d’exprimer franchement leurs désirs et leurs souhaits. En même temps, nous avons pu acquérir une expérience plus profonde du rôle et de la mission des moyens de communication modernes. Alors qu’elle fête ses 50 ans, la hiérarchie de l’Eglise au Vietnam entre dans une période nouvelle grâce à eux. Les pasteurs entendent désormais mieux et plus concrètement la voix de la communauté du peuple de Dieu. »

Mgr Linh continue en affirmant qu’au-delà de l’opposition, il existe une unité profonde: « La deuxième conséquence positive de cet événement est la suivante: bien que différents voire même opposés, tous les points de vue en présence ont un dénominateur commun, c’est l’amour de l’Eglise. Les réflexions, la manière de comprendre sont différentes, mais l’amour est le même. Dans le contexte et dans l’esprit de l’Année sainte 2010, nous avons là une occasion de vivre l’esprit de communion et plus spécialement de faire preuve de davantage de courage face aux différences. Nous devons faire une analyse plus fouillée des histoires d’Eglise, et cela publiquement. En même temps, il nous faut découvrir le prix à payer pour protéger la fraternité à l’intérieur de la grande famille de l’Eglise. Très certainement, chacun souhaite ce qu’il y a de mieux pour l’Eglise. Mais s’exclure l’un l’autre par amour de l’Eglise, n’est-ce pas là une contradiction tout à fait inacceptable ? Différents les uns des autres, certes, mais toujours prêts à s’aider et à continuer à s’aimer pour une Eglise, une, sainte, catholique et apostolique, tel est le signe que nous continuons d’appartenir à l’Eglise fondée par le Christ. »

L’évêque affirme ensuite que personne ne peut s’arracher à l’unité fondamentale de l’Eglise qui se manifeste dans le Souverain pontife: « Si nous ne sommes pas convaincus de cette dimension mystérieuse de l’Eglise, nous ne pourrons pas nous accepter les uns les autres, et reconnaître le rôle du Père commun de l’Eglise. La décision du Souverain pontife, peut-être, ne répond-elle pas à l’attente humaine de certains de ses enfants. Mais elle est la décision du représentant du Christ sur la terre. »

Mgr Linh conclut en soulignant le témoignage rendu à l’unité de l’Eglise par la célébration eucharistique, exhortant chacun à construire l’unité de l’Eglise et à la préférer à son opinion personnelle (2).

(1) Voir dépêche diffusée il y a 30 minutes

(2) Le texte vietnamien de l’allocution a été mis en ligne sur le site de la Conférence épiscopale du Vietnam. La traduction est de la rédaction d’Eglises d’Asie.