Vietnam: Participation limitée du public au procès des huit catholiques de Thai Ha

Mesures indirectes des autorités civiles

ROME, Jeudi 27 novembre 2008 (ZENIT.org) - Un certain nombre de mesures indirectes vont limiter considérablement la participation du public au procès des huit fidèles de la paroisse de Thai Ha, souligne « Eglises d'Asie », l'agence des Missions étrangères de Paris (EDA).

Par divers moyens, les autorités civiles de Hanoi s'emploient à limiter le nombre de participants au procès des fidèles de la paroisse de Thai Ha, qui doit s'ouvrir le 5 décembre prochain. Répondant à des questions posées par un journaliste de Radio France Internationale (émissions en vietnamien), le 21 novembre dernier, Mr Lê Trân Luât, chargé de la défense des huit inculpés (1), a fourni un certain nombre de détails concernant le choix de la date et du lieu où se déroulera ce jugement ainsi que les modalités de la participation à ce procès. Tout indique que les pouvoirs publics craignent une trop grande affluence du public.

L'avocat fait remarquer que la date du procès coïncide avec celle, prévue depuis longtemps, de la consécration du nouvel évêque auxiliaire de Hanoi, Mgr Chu Van Minh, une cérémonie à laquelle la totalité du clergé et la grande majorité des fidèles ont coutume de participer. Il s'agit là peut-être d'une coïncidence mais on peut aussi penser à un calcul destiné à empêcher les prêtres de Hanoi d'être présents au procès.

Il a été précisé par ailleurs que le procès n'aurait pas lieu à l'intérieur des locaux du Tribunal de Hanoi mais au quatrième étage d'un immeuble appartenant au Comité populaire, situé au 55 de la rue Hoàng Cau, dans un quartier de l'arrondissement de Dông Da. Selon la loi vietnamienne, il est obligatoire que le procès soit public. Il n'y a huis clos que pour les procès susceptibles de porter tort à l'honneur et à la dignité du plaignant. Pour le procès des fidèles de Thai Ha, il a été stipulé par oral aux accusés que les personnes qui voudraient y participer, à l'exception d'eux-mêmes et de leurs avocats, devraient en faire la demande par écrit. Ce qui, selon l'avocat, est en contradiction formelle avec le principe du procès public et reflète la volonté des autorités de limiter le nombre de participants.

Les huit fidèles sont inculpés au titre d'une double accusation: destruction de biens et troubles à l'ordre public. Au départ, ils n'avaient été accusés que du délit de destruction de biens. La destruction de biens aurait eu lieu le 15 août, jour où les fidèles sont entrés sur le terrain de la paroisse, accaparé par l'Etat. Les assemblées de prières auraient causé les troubles à l'ordre public. La première faute s'étant révélée impossible à démontrer, le chef d'inculpation était ensuite devenu « troubles à l'ordre public ». En fin de compte, le tribunal populaire avait estimé cette accusation insuffisante et renvoyé le dossier. C'est à la suite de cette intervention que les huit fidèles se trouvent chargés d'une double inculpation.

Interrogés par RFI, l'avocat et certains inculpés ont affirmé à tour de rôle que les accusations portées contre eux étaient sans rapport avec leurs actions réelles. Ils ont particulièrement souligné que la prière commune ne pouvait, en rien, être considérée comme perturbant l'ordre public. Les uns et les autres comptent grandement sur le soutien de l'opinion internationale et de diverses organisations humanitaires.

(1) Les huit fidèles inculpés, « victimes de la justice et de la vérité », sont Mme Bà Ngô Thi Dung, Mme Nguyên Thi Nhi, M. Thai Thanh Hai, M. Nguyên Dac Hùng, Mme Lê Thi Hoi, M. Lê Quang Kiên, M. Giuse Pham Tri Nang et Mme Nguyên Thi Viêt.

(Source: Zenit, http://www.zenit.org/article-19481?l=french)