Nepal: Une femme catholique se présente aux élections du 10 avril prochain

C’est une première dans l’histoire politique du pays: une femme catholique, Eliza Pradhan, se présente aux élections du 10 avril prochain. Le scrutin de jeudi doit permettre d’élire une Assemblée chargée de rédiger une nouvelle Constitution qui mettra officiellement fin à la monarchie et transformera le pays en république. Candidate au sein d’un nouveau parti politique, le Parti de la famille du Népal, Eliza Pradhan souhaite donner une représentativité plus équitable aux femmes, aux basses castes ainsi qu’aux minorités marginalisées.

« Je suis sûre que Dieu fera en sorte qu’un chrétien soit élu afin de représenter la communauté chrétienne à l’Assemblée et aussi, pour qu’à travers lui, Il puisse agir dans le pays », a-t-elle déclaré à l’agence Ucanews, le 1er avril dernier. Des protestants se sont aussi présentés à ces élections, espérant ainsi devenir la voix de la minorité chrétienne, qui, jusqu’en 1991, a souffert de nombreuses restrictions dans ce royaume himalayen très majoritairement hindou (1).

Pour des catholiques de la région est du Népal, où leur nombre est relativement élevé, la candidature d’Eliza Pradhan est une bonne nouvelle en ce sens qu’elle permet d’ouvrir le monde politique à d’autres catholiques qui, à leur tour, seront à même de relayer la voix des catholiques et des plus démunis de la société.

Nombre de maoïstes népalais expliquent, pour leur part, leur engagement politique par une volonté de lutter contre l’arriération imposé aux tribus et aux castes inférieures. « Sous l’hindouisme et le féodalisme, le peuple ne peut se développer d’un point de vue social, économique et politique. Il n’y aura pas de changements sans un travail révolutionnaire », a déclaré Tej Bahadur Nijar, ancien commissaire politique de la troisième division de l’Armée de libéralisation du peuple (ALP) et candidat pour les maoïstes aux élections du 10 avril.

Une fois les élections passées et l’Assemblée constituée, cette dernière sera chargée de formaliser, dans la nouvelle Constitution, les décisions prises par le Parlement après les manifestations pro-démocratiques d’avril 2006 (2), notamment celle concernant l’abolition de la monarchie hindoue et l’instauration d’une république laïque. A l’époque, le roi Gyanendra, dont la dynastie remonte à 1769, avait été contraint de réunir le Parlement qu’il avait dissous en 2002, ce dernier s’étant alors empressé de lui retirer l’essentiel de ses pouvoirs. En novembre 2006, un accord de paix historique entre le gouvernement et les ex-rebelles maoïstes avait été signé, mettant fin à dix ans de guerre civile. Des élections pour l’Assemblée constituante, prévues en 2007, avaient toutefois dû être reportées à deux reprises, du fait de tensions récurrentes entre le gouvernement et les maoïstes.

Des violences préélectorales ont toutefois déjà entaché les élections du 10 avril. Les autorités ont fait savoir que, le 8 avril, au moins sept personnes – toutes maoïstes – avaient été tuées lors d’« échauffourées entre des militants de la Ligue des jeunes communistes [maoïstes] et des membres du Parti du Congrès népalais » du Premier ministre, Girija Koirala. Le chef des maoïstes du Népal a, pour sa part, appelé au calme: « Nous devons faire preuve de retenue et organiser des élections libres et équitables, mais nous exigeons que le gouvernement punisse les coupables de ces assassinats. »

Le Népal compte 103 ethnies s’exprimant dans 93 langues et dialectes (3). Sur les 26 millions d’habitants, on compte 89 % d’hindous, 6 % de bouddhistes, en majorité lamaïstes, 3 % de musulmans et un million de chrétiens (chiffre difficilement vérifiable), majoritairement protestants. Les catholiques sont au nombre de 7 500.

(1) Avant 1991, les changements de religion étaient interdits. Se convertir ou tenter de convertir quelqu’un était un crime passible de prison ferme. Ceux qui souhaitaient être baptisés dans la religion chrétienne devaient se rendre en Inde.

(2) A ce sujet, voir EDA 445 et 453.

(3) Voir EDA 471 (Dossier: « Un royaume à la croisée des chemins »).

(Source: Eglises d’Asie - Dépêche du 9 AVRIL 2008)