Le mois dernier, en publiant son rapport annuel, la Commission du Mékong (MRC) a souligné que face aux crues et aux sécheresses qui affectent particulièrement le bassin inférieur du fleuve depuis quelques années, les pays de la région devaient développer les efforts collectifs. Le MRC vient également de publier un avis urgent de sécheresse dans le sud du Laos, le nord-est du Cambodge et au Vietnam, en raison de faibles précipitations et de retenues d’eau en amont. La Commission qu’inquiète notamment de la sécurité alimentaire des 70 millions de personnes qui dépendent du bassin inférieur du Mékong pour leur survie et leur alimentation.

La Commission du Mékong (MRC – Mekong River Commission), a publié un avis urgent de sécheresse concernant le sud du Laos, le nord-est du Cambodge et les collines centrales du Vietnam, suite à un faible niveau de précipitations et des plaintes dénonçant des retenues d’eau en amont. La sécheresse est ressentie dans l’ensemble du delta du Mékong. Lors de son dernier bulletin hebdomadaire, le Centre régional de contrôle des inondations et des sécheresses de la Commission MRC, basé à Phnom Penh, a averti que d’autres zones de la région étaient également affectées. En mai et en juin, les précipitations dans le bassin inférieur du Mékong ont été environ 70 % inférieures à leur niveau d’il y a un an à la même période, alors que la région était déjà touchée par la sécheresse. Les chiffres pour le mois de juillet ne sont pas encore disponibles, mais les pêcheurs et les fermiers affirment que les précipitations sont toujours à un niveau historiquement bas ce mois-ci. L’humidité des sols dans les bassins versants des rivières de Sékong, de Sésan et de Srépok a été « relativement basse » ce mois-ci. Les trois rivières prennent leur source au Vietnam et apportent environ 23 % du débit du Mékong. Selon MRC, la région autour de Vientiane, la capitale laotienne, souffre de « conditions de sécheresse encore plus importantes » et d’un « niveau de précipitations extrêmement bas ». Dans le centre du Laos, les affluents du Mékong représentent environ 19 % du débit fluvial, a ajouté l’organisation. La région entourant la province de Takéo, dans le sud-ouest du Cambodge, est également affectée par une sécheresse modérée.

70 millions de personnes dépendent du fleuve dans le bassin inférieur

À cette période de l’année, la Commission MRC publie généralement des avis de crue. Au Cambodge, le lac Tonlé Sap, dont les eaux rejoignent le Mékong à Phnom Penh, entre régulièrement en crue à cette époque. Mais à ce jour, cela ne s’est pas encore produit, et les niveaux des eaux sont d’environ un tiers de leur niveau normal. Le long du Mékong, la folie des barrages continue de menacer l’écosystème de la région. La plupart sont construits en Chine, mais les autorités cambodgiennes comme les autorités chinoises nient leur impact sur les niveaux des eaux du fleuve en aval. Ces affirmations contredisent pourtant les rapports et les alertes des experts, qui s’inquiètent des conséquences sur la sécurité alimentaire, alors que près de 70 millions de personnes dépendent du bassin inférieur du Mékong pour leur survie et leur alimentation. L’érosion des sols devient également préoccupante, alors que les barrages retiennent des sédiments nécessaires à la survie des bancs de poissons en aval. La sécheresse a également eu un lourd impact sur les 850 espèces de poisson vivant dans le bassin inférieur. Beaucoup d’espèces, comme le dauphin de l’Irrawaddy ou le poisson-chat géant du Mékong, sont en danger. Des poissons ont dû être transportés dans des eaux plus profondes après s’être retrouvés coincés dans des eaux stagnantes. « Ces derniers temps, les crues et les sécheresses ont frappé durement notre région, et nous avons besoin d’autant plus de collaboration régionale », a signalé An Pich Hatda, secrétaire général de la Commission MRC, lors de la publication du rapport annuel de l’organisation, paru le mois dernier. « Les pays situés le long du bassin inférieur du Mékong ont besoin de renforcer leurs efforts communs contre les problèmes qui les affectent, aujourd’hui et à l’avenir – par exemple, en assurant la transparence, la qualité et l’efficacité dans le partage des données concernant le Mékong. »

(Source: Églises d'Asie - le 29/07/2020, Avec Ucanews, Vientiane)